Directeur de mémoire : Grégory Tissot
Commune de Saint-Priest la Prugne, département de la Loire.
C’est à la limite Ouest du département de la Loire, à la frontière des départements de l’Allier et du Puy de Dôme, que se trouve la commune de Saint-Priest la Prugne. Située dans la région Roannaise, Saint-Priest la Prugne est dominée par le massif des Bois Noirs à l’Ouest et la forêt domaniale d’Assise à l’Est. Nous sommes au sein de la montagne Bourbonnaise. C’est au fond de la vallée de la Besbre au milieu d’un tissu bocager que le village s’est construit. La Besbre prend sa source au coeur du massif des Bois Noirs, en amont du village et le contourne au Nord, pour finir sa trajectoire dans la Loire. Remarquable paysage de haute montagne, Saint-Priest la Prugne au premier coup d’oeil ne laisse percevoir que son calme et sa beauté manifeste.
L’histoire de Saint-Priest la Prugne se trouve étroitement liée à 210 autres sites en France. Qu’ont-ils tous en commun? La présence de gisements d’uranium dans leurs sols. Ce ‘simple’ minerai a joué un rôle primordial dans la stratégie énergétique prise à partir de la seconde moitié du XXe siècle. C’est dans un contexte montagnard que cette petite commune s’est cependant rapidement développée au début des années 1950, par la mise en exploitation de son gisement d’uranium. La présence de la mine a ainsi favorisé l’accroissement de la population grâce à la création de centaines d’emplois. Ainsi pendant 20 ans de nouvelles infrastructures publiques ont été créées.
Aujourd’hui l’activité a disparu, il ne reste plus que ces aménagements collectifs, témoins d’une époque révolue.
Mais la mine n’a pas eu pour seule conséquence de voir le village s’agrandir, elle a aussi largement modelé le paysage. L’exploitation minière a modifié le lit de la Besbre par la création d’un barrage artificiel. Lors de la réhabilitation du site, l’exploitant COGEMA a dû faire disparaître la mine à ciel ouvert. Dans les années 1980, la mine a été comblée, entre autres avec des résidus de traitements issus de l’extraction de l’uranium. Malheureusement, l’influence de l’exploitant ne se limite pas à l’emprise de la mine. C’est tout un territoire qui se retrouve contaminé, en partie aussi par les dons de remblais faiblement pollués aux communes des environs. Dès lors une pollution invisible a peu à peu envahi le pays. Les clôtures de la COGEMA impuissantes à freiner la contamination de l’environnement ‘extérieur’, incognito, ce risque invisible s’infiltre dans le paysage en se jouant des limites administratives.
Le démarrage puis la fin de l’exploitation des gisements d’uranium a généré de nombreux changements sur l’ensemble des paysages de la commune. Comment peut-on faire perdurer la mémoire de la mine, la pollution invisible engendrée, tout en l’inscrivant dans une réflexion à l’échelle du territoire de Saint-Priest la Prugne ?