La commune de Bouin, autrefois une île, c'est aujourd'hui une terre de polders qui font du littoral une ligne brisée presque entièrement créée par la main de l'Homme dans la baie de Bourgneuf. Marais littoral appelé Marais Breton, les activités agricole et ostréicole se partagent les terres émergées, l'ostréiculture occupant un fin bandeau terrestre avant de s'étendre loin dans l'espace entre le marais et l'île de Noirmoutier qui fait face à Bouin. Car si le nom de Bouin ne marque pas, ses huîtres elles sont connues bien au-delà des limites de la Vendée.
Lieu d'échange par excellence, c'est un marais maritime. Ce que nous observons aujourd'hui n'est qu'un état dans la vie du littoral. L'installation humaine s'est faite avec une notion du risque, qui faisait partie de la culture.
Les habitations, posées sur les points hauts, devaient assister au ballet de la mer, couvrant et découvrant l'estran. Ce qui amène les hommes, c'est la production de sel. Moteur économique incontestable, il va changer la baie et être l'activité principale de ce territoire dès le Ve siècle. Puis, la pisciculture et les gains sur la mer, de façon clairsemée et modeste, commencent dès le XVIIe siècle, avant d'être étendus à grande échelle. Le trait de côte «naturel» est encore visible sur les photos aériennes. Avec la tempête Xynthia, en 2010, la vulnérabilité des milieux littoraux face à des événements de cette ampleur a été prouvée, une dure leçon pour les populations locales. Les traces sont encore visibles aujourd'hui : structures pour la pêche au carrelet à demi détruites et digues empierrées, bétonnées en hâte, deux exemples parmi d'autres.
La mauvaise image des marais, sa mythologie inquiétante et parfois repoussante, est bien loin à présent. La qualité des marais, notamment d'un point de vue environnemental, est avérée. Cependant, les digues qui longent la côte sont une barrière écologique, décalant les milieux, retenant la mer, l'empêchant ou du moins la restreignant dans son contact avec la terre. Barrière visuelle aussi, pour le promeneur qui emprunte les chemins et routes dans les terres, un mur se tient sur l'horizon et au-dessus, le ciel ; la mer est invisible. Les cultures offrent des dizaines de teintes, du jaune moutarde au vert tendre, qui se déclinent en d'innombrables textures.
La richesse visuelle de ces terres nous fait remarquer l'importance de l'économie agricole. Dans ce monde horizontal, se dressent huit éoliennes dont la présence se veut l'écho du passé de la région qui comptait nombre de moulins à vent. Si l'on observe bien, ce sont les clochers et de petits amas de maisons que l'on distingue. Le ciel, lui, ne manque pas d'imposer sa présence. Les nuages nous rappellent que la puissance dévastatrice des tempêtes maritimes n'est jamais loin.
Dans le contexte de la montée des eaux tel que nous le connaissons actuellement et des tempêtes de forte intensité, les territoires proches de la mer font l'objet d'études et de plans de prévention des risques d'inondation. Mon intérêt se porte sur le marais de Bouin, territoire peu peuplé où les îlots d'habitations sont clairement définis, mais tendent à grignoter sur le marais. Faut-il lutter pour conserver ces terres, ou laisser la mer les reprendre ? Comment la population locale va s'adapter à ce changement ? Quelles mesures concrètes pour les habitations doit-on proposer ? Un phasage sur les 10, 20, 50 et 100 prochaines années est à envisager, pour que la transition se fasse sans trop de heurts. C'est un espace nourricier : pêche, ostréiculture, agriculture et production d'énergie s'y côtoient. Quel avenir pour ces activités ? Comment vont-elles se déplacer dans ce territoire ? Quels seront les impacts sur la faune et la
Flore ? Enfin, quels seront les effets sur le paysage, et la perception qui en découlera ?
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