Prenant leur source au pied des Puys, sur les versants des Monts Dore ou dans les vallonnements du Bas Livradois, tous les cours d’eau clermontois convergent vers la colonne vertébrale constituée par l’Allier. Autrefois, l’implantation du bâti avait une logique en rapport direct avec l’eau. Au fil du temps, ce lien à l’eau s’est perdu et les extensions urbaines se sont progressivement affranchies de cette logique, niant ainsi le caractère de nombreux espaces et gommant la présence de l’eau dans Clermont-Ferrand. Les rivières ont été en partie canalisées dans la ville, et se sont peu à peu effacées des plaines cultivées, réduites à des fossés étroits. Avec la disparition des cours d’eau, c’est la structure même du territoire que l’on perd de vue. Ces espaces naturels représentent des éléments structurants, porteurs d’ambiances paysagères et de valeurs identitaires. Cependant, comment la trame bleue peut-elle devenir la structure de la gestion urbaine et un outil de reconquête urbaine ?
A l’échelle de la métropole clermontoise, le Val d’Allier représente un élément fédérateur de l’organisation de l’espace urbain. Le premier objectif est de définir l’Allier comme la rivière du Grand Clermont. Mais comment relier la ville et la rivière tout en étant séparées par une dizaine de kilomètres ? Comment instaurer un dialogue entre les habitants de la métropole et la rivière ? Comment la découvre-t-on ? …
Le deuxième objectif est de connecter le Val d’Allier, corridor écologique, aux autres espaces naturels de la trame bleue.
Enfin, le troisième objectif est de mettre en valeur cette richesse. Cela permet de nous questionner sur comment vivre l’eau dans nos modes de vie actuels ? Quelle est sa valeur : économique, sociale ou environnementale ?
Le projet se place alors entre ville et rivière, dans un espace périurbain disparate, où se juxtaposent zones pavillonnaires, zones d’activités, zones industrielles, plaine agricole, sites archéologiques, gravières et Val d’Allier.
Dans cette transition de paysage urbain à paysage naturel, la trame bleue se décline sous différentes formes. Elle permet d’apporter une cohérence entre ces différentes unités et de créer des liens entre eux. C’est ainsi que nous pourrons découvrir la rivière de l’Artière, parcourir l’ancien Paléolac de Sarliève en longeant les canaux, retrouver la rivière de l’Auzon et explorer l’Allier et son parc à vocation ornithologique qui sera aménagé dans les anciennes gravières.
A travers ce maillage bleu, à tisser à l’échelle d’un schéma directeur, trois sites de projet sont à définir comme des étapes importantes dans notre cheminement vers l’Allier. Chacun de ces espaces a un enjeu différent et une relation à l’eau qui lui est propre. Au sud-est de Clermont-Ferrand, l’Artière ressort de la ville ponctuellement dans la zone d’activité de La Pardieu. Quelques pontons permettent un petit clin d’œil à celle-ci. Cette rivière ne réapparait qu’au niveau d’un bassin d’écrêtement des crues entièrement fermé au public. Ce bassin de 15 ha est agréable pour son caractère discret et calme. Son emplacement, à la croisée du lycée Lafayette, du crématorium et du centre équestre, est propice à la création d’un parc urbain. En ouvrant cet espace, il sensibilisera les habitants sur la ressource en eau, et révélera l’omniprésence de l’eau dans la ville. Ce premier site représente une accroche à la ville. Deux kilomètres plus loin, le paysage s’ouvre sur la plaine de Sarlève, plaine agricole d’environ 5 km2. Cette plaine offre un magnifique panorama sur la Chaine des Puys. Située au pied du plateau de Gergovie, elle correspond à un ancien paléolac asséché au XVIIème siècle. De ce paysage, il ne reste plus qu’un marais de 2 ha. Celui-ci est le seul témoin du paysage de la Limagne à l’époque de l’âge du fer et à l’époque romaine. Ce lieu est un endroit favorable pour mettre en scène de façon paysagère son histoire et parler du souvenir de l’eau ancrée dans ce territoire. Enfin, l’embouchure Auzon/Allier matérialise l’accroche à la rivière. Prolonger la coulée verte existante de l’Auzon jusqu’à son embouchure termine notre parcours (1,5 km) jusqu’à l’Allier.
Pour la phase projet, je propose de développer plus particulièrement la plaine Sarliève, située entre paysage naturel de l’Allier et milieux urbains. |