Etudiant : Fabien Decoucut |
Directrice de mémoire : Anne-Sophie Verriest-Fenneteaux |
Deûles, Citadelle, Euralille : trois opportunités pour réinvestir les remparts.
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Le boulevard Schuman rencontre le canal grand gabarit de la Deûle à l’endroit où se touchent les communes de Lille, la Madeleine et St André Lez Lille Composé aujourd’hui d’une deux fois deux voies et de larges boucles permettant de s’y insérer, il réuni autour de lui environ 70ha d’espaces indéfinis, dans une topographie complexe, résultante des contreforts Vauban de Lille. Cette zone non aedificandi perdure dans le temps et l’espace comme une sorte d’envers de la ville que l’on ne voudrait pas regarder. Aujourd’hui, Lille Métropole Communauté Urbaine (LMCU) possède son propre périphérique. De fait le «boulevard Schuman» a perdu son usage premier et fait plus figure d’un appendice gangrené dans la ville, que d’un dispositif urbain maîtrisé. A chacune de ses extrémités se situent deux centres d’impulsions. A l’Est, Euralille, turbine de l’économie tertiaire, et à l’Ouest, la citadelle de Lille, objet de patrimoine et base de loisirs. Entre ces deux points : des riens. Une topographie historique, un boulevard, un modeste cheminement appelé « Balade des remparts » ayant du mal à se faire une place : En contre bas d’Euralille, lover entre le périphérique et la ville, le Parc Matisse est une timide invitation dans les anciens remparts de la ville. Large esplanade distribuant des accès à la gare et aux centres commerciaux, il entretient une relation étroite à Euralille mais reste détaché du reste de la ville historique. Au pied des bâtiments qui terminent le Vieux Lille, on aperçoit l’ancienne Porte de Roubaix ainsi qu’une partie des remparts. Plus loin dans ce parc, des chemins discrets s’échappent vers le Nord s’enfonçant dans un dédale d’allées couvertes. Le parc perd alors de son épaisseur pour finir coupé par la Rue des Urbanistes. Ici, un rond-point incompréhensible à plusieurs étages. Dans un coin, perdue, une petite servitude cachée contre le périphérique permet de continuer la promenade. Lille disparaît. On longe une zone militaire cerclée de fils barbelés qui nous contraint à côtoyer dangereusement les voitures roulant à toute allure. De l’autre côté de l’artère, le quartier neuf de Romainville s’impose à nous avec ses tours de bureaux et de logements. L’envie de franchir le grillage de la base m’effleure l’esprit car au travers on y voit une mare, des murs en brique oubliés, tout un patrimoine endormi. Encore une fois l’entrée de ville du Général de Gaule coupe notre itinéraire. La plaine Winston Churchill s’ouvre devant nous : grande prairie, terrain de foot, esplanade de tir à l’arc agrémentent cet espace. Le boulevard périphérique se fait oublier derrière une grande butte anguleuse, reste de défense militaire. Des cheminements se perdent dans ses angles morts, des habitations de bric et de broc s’y cachent. Une fois l’avenue Winston Churchill traversée, les murs et les douves militaires prennent de l’importance. Là, comme perché sur un piédestal, des jardins ouvriers sont cultivés avec soin et amour. Maille serrée des parcelles, clôtures propres et rectilignes révèlent un lieu habité. Objet précieux caché au milieu d’une forêt dense. L’ancien canal de la basse Deûle encercle le tout, eaux sombres et stagnantes ajoutant une touche inquiétante au tableau. Régulièrement, on entend TGV et Eurostar en partance vers le Nord, sortant de terre pour ébranler ce territoire silencieux. On s’enfonce alors dans la forêt pour rejoindre une passerelle piétonne franchissant le périphérique. Au loin, côté faubourg, on aperçoit quelques hangars et manufactures de la Madeleine encore en activité. Plus loin encore, les toits des corons se répètent à l’infini. A nos pieds, pris entre le boulevard, les rails aériens et la Deûle, enclavé dans un trou, un camp des gens du voyage que personne ne veut voir. Enfin comme une médiocre récompense, du haut de ce belvédère, on aperçoit le grand canal de la Deûle bannissant l’eau de la ville. Loin de l’eau mais haut perchée, on découvre alors toute une série de structures métalliques, chevalements en tout genre, soulignant le tracé sinueux du canal. Depuis longtemps, Lille exprime le désir d’enjamber ses limites physiques, d’abord avec la fondation de Lille Métropole Communauté Urbaine, mais aussi à travers divers projets. Je citerai évidemment Euralille qui a dépassé les fortifications pour presque les effacer sur l’axe majeur Lille-Roubaix-Tourcoing et qui ne cesse encore d’évoluer. Aujourd’hui, deux projets sont en réflexions et affirment cette volonté. Le projet Cœur de Deûle et le projet de réouverture du canal de la Basse Deûle posent des questions quant aux perspectives de renouvellement urbain à travers l’axe de l’avenue du peuple Belge et de l’avenue Winston Churchill. Désir timide ; la réponse donnée étant souvent la même : enjamber ou traverser les remparts et le boulevard Schuman. L’enjeu ne serait-il pas de travailler ce morceau de territoire à la fois aux travers des entrées de ville mais aussi de la citadelle, jusqu’à Euralille le long d’un véritable boulevard urbain organisant anciens et nouveaux usages ? Investir dans son épaisseur cette topographie historique serait l’occasion d’intégrer un nouveau morceau de ville dans la ville et de mettre en résonance deux infrastructure majeures : Euralille et la Citadelle. |