La Ville de Montauban a longtemps subit les caprices du Tarn dans deux quartiers en particulier : Sapiac et Villebourbon, qui étaient invariablement inondés tous les dix ans.
Depuis peu, des murs anti-inondation et des digues ont été construits pour protéger ces quartiers. Dans le cadre de la rénovation du quartier Villebourbon, la commune prévoit de transformer les zones les plus exposées aux risques d’inondation en espaces verts, ce qui donnerait lieu à la création d’un jardin public sur les rives du Tarn d’environ 6 hectares au Nord du quartier Villebourbon, dans le coude de la rivière.
La présence de la Gare de Montauban de ce côté de la rivière fait de ce quartier, dans lequel s'inscrit le site, une des entrées importantes de la ville, et même la plus emblématique : depuis Villebourbon, la traversée du Tarn par le Pont Vieux permet d'accéder au centre-ville historique.
Le site, pour le moment difficile d’accès car constitué de terrains privés, est en partie occupé par les bâtiments commerciaux d’une entreprise de matériel agricole qui vient de fermer. Ces bâtiments sont voués à être démolis, après acquisition des terrains par la mairie.
Une petite plage et quelques rares sentiers encore praticables, peu à peu colonisés par la végétation spontanée, permettent toutefois d’entrevoir ponctuellement des bâtiments clés de l’identité de la ville : le Pont Vieux et le Musée Ingres, la cathédrale, le collège Saint Théodard...
Ces vues pour l’instant fugaces et discrètes laissent imaginer que le jardin pourrait devenir un lieu de promenade agréable avec points de vues sur la ville et son intégration dans la vallée du Tarn.
Cependant, il s’agira en premier lieu de définir le rôle de ce jardin, situé en pied de digue, par rapport aux crues de la rivière : quelle posture adopter ?
Peut-on imaginer une sorte de dialogue entre la rivière et ce jardin? au rythme des saisons, au rythme des crues...
Le défi de ce projet sera de trouver une traduction créative au caractère inondable de ce jardin, en terme d’aménagement et de gestion.
«Montauban, c’est le Tarn»
Le Tarn prend sa source au Mont Lozère puis traverse cinq départements et des villes pour lesquelles il est emblématique comme Albi ou Montauban, avant de se jeter dans la Garonne à St Nicolas-de-la-grave, 350 km plus loin.
Cette rivière est intimement liée à l’histoire de l’urbanisation de Montauban et participe pour beaucoup à l’image de la ville. La vallée du Tarn constitue un poumon vert et un cadre bucolique au patrimoine architectural de la ville, avant de s’ouvrir vers le grand paysage et la plaine agricole (arboricole essentiellement) à l’Ouest de Montauban.
Les nombreux usages de la rivière au cours de l’Histoire ont laissé des traces : moulins, débarcadères et cales, demeures de drapiers, gradins pour la baignade... peu mises en valeur.
Actuellement, les bords du Tarn en centre-ville sont essentiellement dédiés à la voiture : espaces de stationnement, quais très circulants. Le reste, sous forme de berges naturelles, est quasiment inaccessible et considéré comme sauvage, sale et insalubre. Mais la ville semble prête à réinvestir différemment les abords de la rivière. Des promenades viennent d’être aménagées le long de la rivière en amont et en aval du centre ville historique, en parallèle de la construction des digues.
De plus, dans le cadre d’un projet bien plus large de retour de la navigation sur le Tarn de Montauban à Moissac, le canal latéral à la Garonne vient d’être raccroché au Tarn par une écluse. Le but est de permettre à terme l’arrivée des péniches de plaisance jusqu’au pied du centre ville.
Ce projet de halte nautique ouvre la voie à une requalification des berges du Tarn en centre ville, dans laquelle s’inscrit le projet de jardin en zone inondable qui constitue le site. Le retour de la navigation va en effet amener une nouvelle façon de découvrir le centre-ville historique, de le traverser, de vivre et d’appréhender Montauban.
Un changement de perception de la rivière par les habitants a donc déjà été amorcé. Celle-ci n’apparaît plus comme dangereuse, et la Ville montre une réelle volonté de développer son attractivité. Non seulement pour les touristes, mais aussi pour les habitants.
Le Tarn retrouvera sa place à Montauban, dans les représentations culturelles comme dans le quotidien des habitants à travers de nouveaux usages.
Atouts pour le projet : éléments de contexte du futur jardin
A une centaine de mètres du site, sur la berge d’en face, se trouve l’un des jardins historiques de Montauban : le parc Foucault. Actuellement mal raccroché au centre ville et ayant perdu toute relation avec le Tarn, notamment sa fonction de balcon sur la rivière, ce parc mériterait d’être intégré dans la démarche de projet.
La construction éventuelle d’une passerelle reliant ces deux parcs à l’endroit où le lit de la rivière est le plus étroit est envisageable.
Le futur jardin se trouve également en vis-à-vis avec l’île de la Pissotte : inaccessible à l’Homme depuis l'arrêt de la navigation sur le Tarn, elle constitue une réserve d’avifaune en plein centre-ville.
Quel dialogue peut-on imaginer entre les deux parcs? Comment relier ces parcs et au centre-ville? Quel endroit serait le plus propice pour la construction de la nouvelle halte nautique ?
Comment exploiter l’intérêt écologique et pédagogique que constitue la présence de cette île aux abords du futur parc ? Comment développer son caractère poétique ? (une île sauvage inaccessible au cœur de la ville...)
Plus que le site en lui-même, c’est donc sa situation, son contexte urbain et environnemental qui fera naître le projet dans sa forme. L’objectif principal étant de révéler la richesse écologique et paysagère que constitue le Tarn au cœur de Montauban, ainsi que le potentiel d’espace public animé qu’il crée à proximité du centre-ville. |