Etudiante : Camille Maerten |
Directrice de mémoire : Dominique Caire |
Une faille en plein centre. Quelle empreinte doit laisser la vallée du Gouédic à St-Brieuc ?
|
C’est d’abord une rupture, une cassure dans ce paysage de toits d’ardoise, qui ne peut laisser indifférente la traversée de cette ville. Saint-Brieuc a cette particularité d’être tournée à la fois vers la mer et la terre. Le pays de Saint-Brieuc est donc caractérisé par sa morphologie particulière de vallées encaissées qui signent le paysage. Il en découle la présence de nombreux franchissements, tous spectaculaires en terme d’échelle, qui zèbrent chacune des vallées. Ils viennent ainsi marquer un lien particulier entre plateau et vallée, mais surtout une relation complexe entre occupation humaine et vallées. La vallée du Gouédic représente aujourd’hui une véritable fracture en plein centre ville. Même si ce terme est presque caricatural, il exprime la réalité d’une séparation entre deux rives urbaines, deux villes finalement. Cet espace de vallée enserrée dans toute son épaisseur, ne se laisse approcher que difficilement au détour de quelques chemins ardus et périlleux, pourtant elle est porteuse d’une grande richesse. Petit à petit, cette vallée du Gouédic a perdu les usages, et les diverses occupations du sol qui la reliaient directement au coeur même de la ville de Saint-Brieuc. Autrefois vécue et habitée, elle est devenue un obstacle au développement de la ville, et apparaît aujourd’hui comme une sorte d’arrière-cour de la ville. Elle s’est reboisée, fermée, camouflée sous un épais manteau vert obscur et compacte, qui l’a transformée en un véritable couloir vert. Les deux rives du Gouédic sont devenues presque étrangères, se voient sans se comprendre reliées uniquement par les ponts qui supportent leur flot quotidien de voitures et camions. Le Gouédic, petite rivière qui coule lentement en fond de vallée, a été complètement oublié, même le cadastre ne le figure plus. Autrefois indispensable, il est aujourd’hui remblayé et souffreteux. Il resurgit par endroits, ces berges, écorchées, envahies par la renouée du japon. Pourtant, il représente un lien indirect à la mer puisqu’il rejoint le Gouët dans l’indifférence, avant que celui-ci se jette dans la Manche, quelques mètres plus tard. C’est également lui qui alimente les bassins à flot du Légué, le port de St-Brieuc. Cette vallée du Gouédic présente donc une dualité forte. Elle est à la fois un univers à elle seule, qui ne demande qu’à s’exprimer. Mais, elle représente aussi une véritable rupture dans la ville. Aujourd’hui, oubliée, peu assumée, elle est quasi insignifiante et peu arpentée. Ces espaces posent donc des questions de relations, de liens, entre une urbanité forte, et un espace naturel radical, qui a été malmené, et a perdu sa place au sein d’une ville qui a cherché à se développer rapidement et économiquement. La vallée du Gouédic détient ce potentiel d’accroche des quartiers, d’une rive à une autre, sur toute sa longueur. Elle peut être à l’origine d’une réelle dynamique de continuité et de lien, sur l’ensemble de la trame verte de St Brieuc. Dans cette recherche de relation, le parc des Promenades, seul parc urbain de Saint-Brieuc, peut devenir une des rotules. Aujourd’hui, la ville cherche à retrouver l’attractivité culturelle et sociale qu’émanait encore ce parc, au début du siècle. Lieu central dans la ville, il était autrefois en contact direct avec la vallée du Gouédic, à l’image d’un immense belvédère, et permettait donc ce lien entre plateau et fond de vallée, dans un paysage beaucoup plus ouvert. Les enjeux du projet pose donc la question de la relation que la ville peut avoir avec ses vallées. Quels usages peuvent permettre aux habitants de se réapproprier un espace naturel riche ? Quel dialogue peut-il être instauré entre les deux rives urbaines du Gouédic et la vallée ? Quelles relations imaginer, notamment en terme d’accessibilité, dans un site contraint par sa topographie ? Comment le parc des Promenades, unique parc urbain de la ville de Saint-Brieuc peut-il devenir un véritable trait d’union entre ville et vallée ? |