Le centre ancien de Vannes est situé deux kilomètres en retrait des côtes, protégé par une enceinte fortifiée et relié au Golfe du Morbihan par un canal. Il file droit vers la mer, bordé de quais qui ne connaissent pas la dynamique habituelle d’un front de mer d’une ville côtière classique, puisque nous sommes déjà «en dehors» du centre. Un grand mail de platanes borde ces quais très larges, dominés par un tissu urbain qui leur tourne le dos.
Les quais s’élargissent encore, jusqu’au moment où le canal débouche sur le Golfe, ils laissent alors place au commerce des compagnies maritimes, de transports touristiques, et aux chantiers navals. à ce niveau, un pont routier franchit le bras canalisé, bloquant toute perspective d’ouverture sur le paysage maritime morbihannais.
C’est à ce point stratégique que l’existant va changer : le projet du tunnel de Kerino va faire disparaître cet obstacle, rendant à la ville son ouverture sur la mer. De cet endroit commence la pointe des émigrés vers l’ouest, et la pointe de Rosvelec à l’est, constituant l’ensemble du littoral vannetais.
La Pointe des émigrés : un lien au littoral peu évident
La pointe des émigrés est constituée de deux entités bien distinctes : la Zone Conservatoire du Littoral (CDL) appelée «Pointe des émigrés» et le Parc du Golfe : centre d’expositions et d’activités de la ville.
Le premier est un cas exceptionnel de protection par le CDL dans une enceinte urbaine. C’est un espace de prairies pâturées, morcelées par des haies bocagères, dominant la baie et l’entrée du canal de Vannes. Lieu privilégié de promenade des vannetais, dans ce contexte exceptionnel aux portes de la ville, il présente néanmoins un aspect figé par la surprotection du naturel, contrastant fortement avec la dynamique urbaine.
Au nord-est de cet espace, en direction du centre-ville et du canal, se trouve le Parc du Golfe et le parc d’expositions.
Cet espace en forme de croissant s’est fortement transformé au cours du 19e et 20e siècle, sous l’influence de la ville de Vannes, et notamment de son port. L’endiguement de toute la façade Est de la pointe afin de faciliter l’accès au port puis le comblement de cet espace humide par les vases issues du dragage du canal a créé un nouvel espace dont l’homme a progressivement eu besoin. Actuellement, on trouve sur cet espace le Chorus, centre d’exposition de la ville, grand bâtiment d’une architecture controversée, «posé» sur une immense surface de béton servant de parking et de lieu de montage de chapiteaux. L’ensemble est entouré d’autres activités culturelles et de loisirs, renforçant le décalage avec les espaces alentours, notamment avec le bord de mer et l’étang de la ferme du marais (site ornithologique et protégé). De plus, le facteur événementiel des activités organisées sur ces espaces crée une respiration qui, lors des périodes creuses, offre à la vue un espace de vide immense.
Une rupture par rapport au littoral, à la Pointe des émigrés, mais aussi à la continuité du tissu urbain, qui peine à rétablir le contact avec son bord de mer.
Comment faire de ce patchwork d’usages variés, une continuité logique allant de la ville à la mer ?
On peut également se demander comment, transversalement, améliorer le lien de l’ensemble du littoral vannetais, partant de l’embouchure de la rivière du Vincin à l’ouest jusqu’au tunnel de Kerino et de la pointe de Rosvelec à l’est.
La Pointe de Rosvelec : anticiper une surprotection du conservatoire sur une frange littorale agricole
à l’est du tunnel de Kerino, le littoral se continue par une pointe à l’agriculture préservée, bloquée au nord par un axe routier qui la sépare des zones d'activités de la périphérie vannetaise. La pointe est occupée par deux fermes qui y cultivent l'ensemble des terres, et dont les terrains font l'objet d'une préemption d'achat par le Conservatoire du Littoral.
La base de la pointe de Rosvelec, au point de contact avec la limite urbaine, connaît une fréquentation assez importante de la part de promeneurs, et à des fins balnéaires.
Mon étude permettrait de travailler sur les continuités paysagères de l'ensemble du littoral vannetais, mais également de proposer des idées d'aménagement de ces espaces, en amont, afin d'éviter un gel des parcelles par le Conservatoire. |