La Fabuloserie, la Métairie Bruyère, le Tremblay, la maison de Colette, le château de Ratilly, la poterie de la Bâtisse, les galeries des Créacteurs... Ces lieux ne vous évoquent probablement pas grand chose. Ce sont des lieux parmi d’autres qui m’ont fait découvrir la Puisaye, «région naturelle » à cheval sur l’Yonne (89), le Loiret (45) et la Nièvre (58).
Si cette dernière est souvent surnommée « la Bourgogne buissonnière » c’est, me semble-t-il, à très juste titre : pour découvrir le paysage et l’atmosphère poyaudins, il faut flâner de rencontres en rencontres, d’expositions en expositions, de potiers en potiers, de festivals de musique classique en « apéros concerts »... il faut suivre le bouche à oreille et se laisser emporter sur ces routes vallonnées sillonnant aux travers des forêts et étangs, à qui la Puisaye doit son nom (« Poy » pour pays humide et « saga » pour forêt). Ce n’est pas une région de « tourisme de masse » mais il y a un fort tourisme lié à tous ces lieux culturels et c’est par ce tourisme, autour de lieux ponctuels répartis sur la région, que se laisse découvrir le paysage poyaudin.
C’est en suivant ce bouche à oreille que j’ai découvert la « Poéterie » (nom donné aux lieux par le propriétaire). Le site s’appelle en réalité la Briqueterie. Jusqu’en 1999, on y fabriquait des tuyaux et des canalisations en grès de Puisaye grandement réputé. Lorsqu’elle ferme, c’est Vincent Magni, artiste, qui achète la propriété et qui la transforme petit à petit en centre de métissage artistique. Des projets naissent au sein du bâtiment : des ateliers et des logements d’artistes ont été créés dans une partie de l’usine ; une salle de plus de 1200 m2 sur trois niveaux est au centre du projet constituant l’espace public intérieur. En extérieur, de nombreuses manifestations ont déjà lieu : sur un peu moins de deux hectares, se déroulent des festivals de musique, des stages, des expositions et d’autres événements estivaux. Les lieux sont la plupart du temps à usage privés ; les artistes viennent y vivre et/ou y mettre en œuvre un projet personnel, mais la Poéterie accueille régulièrement des petits groupes ou même plusieurs centaines de personnes pour des temps forts. Par exemple, lors de la fête de l’art 2011, pendant trois jours durant, une quarantaine d’artistes ont ouvert leurs univers respectifs par des expositions, performances et concerts.
La Poéterie serait le coeur de mon projet. Il s’agirait d’aménager ce site pour s’adapter aux différents usages des lieux et permettre aux résidents comme aux visiteurs et habitants occasionnels d’y trouver sa place.
La Poéterie se trouve à Saint-Sauveur-en-Puisaye, village d’environ 1000 habitants. Elle se trouve le long de la voie ferrée qui transportait autrefois des matériaux et des voyageurs entre Gien et Auxerre. Aujourd’hui, c’est une voie ferrée touristique qui circule entre Saint-Sauveur et Villiers-Saint-Benoît (ce train achemine des touristes mais aussi parfois les locaux pour se déplacer d’un village à un autre pour les loisirs). Les espaces environnants sont plutôt disparates, l’ensemble étant un peu isolé du centre bourg. Le terminus du train touristique est le musée de la bâtisse de Saint-Sauveur (1km après la Poéterie), musée historique et atelier de fabrication d’objet en grès, propriété de Solargil, grand exploitant du grès de Puisaye.
Il s’agirait en complément de la friche de penser l’évolution des espaces attenants à la Poéterie afin de tisser un lien entre le bourg et cette zone de la gare. De plus, aménager cette zone pourrait faire qu’elle devienne un nouvel arrêt pour le train touristique (entièrement géré par une association de passionnés) : intégrant la visite du bourg de Saint-Sauveur au même titre que celui de Villiers-Saint-Benoit ou Toucy (les autres communes desservies par le train), les initiatives associatives qui font fortement vivre la Puisaye en seraient valorisées.
Les enjeux liés à l’aménagement de ce site seraient de participer au développement des lieux culturels sur un territoire rural - la Puisaye -, ainsi que de valoriser et faire revivre un patrimoine. Sur le site lui-même l’enjeu principal serait d’agencer un espace restreint en taille avec des usages diversifiés et changeants. |