L’industrialisation a un impact non négligeable sur le paysage selon l’époque et le type d’industrie. Il peut s’étendre sur une région entière comme dans le nord de la France avec l’industrie minière ou de manière plus ponctuelle comme dans les zones portuaires. Répondant à des questions pratiques et techniques d’accès aux matières premières, la proximité d’un cours d’eau et d’une voie de chemin de fer est restée longtemps déterminante pour l’implantation d’une industrie.
Mais l’évolution des techniques et des besoins industriels, ainsi que l’apparition d’une économie de marché internationale, ont mis à mal ce type d’industries au développement local. De nombreuses entreprises ont ainsi périclité laissant ça et là bâtiments et équipements à l’abandon.

La Papeterie des Gaves et la Minoterie de la famille Heid à Orthez, Pyrénées-Atlantiques, font partie des ces lieux un temps oubliés. De prime abord, on ne perçoit pas toute l’étendue qu’elles occupent.
Une végétation dense s’y est développée, occupant progressivement tous les espaces laissés vacants. La nature s’est installée là où pendant longtemps elle n’avait plus sa place masquant peu à peu à la vue ces bâtiments et leur bout d’histoire. Pourtant ces friches s’étendent de part et d’autre du gave de Pau sur une surface avoisinant les trente hectares et à proximité du centre ancien. Difficile donc de les oublier.

Situé à environ 40 km de Pau par l’autoroute A64, Orthez reste un pôle attractif dans la région comme le montre son évolution démographique. En moyenne, trente nouveaux habitants s’y installent par an mais le plus souvent dans des logements neufs, de type lotissement, construits en périphérie du centre bourg. Cette politique urbaine a donc comme principale conséquence de privilégier l’étalement urbain (le nombre de constructions neuves est en effet passé de 300 entre 1996 et 2001 à 690 entre 2002 et 2007). Elle a aussi eu un effet délétère sur le centre ville en entraînant une dégradation du bâti existant et une vacance importante dans le centre ancien classé en ZPPAUP.

Les terrains de la papeterie et de la minoterie, situés à seulement dix minutes à pied du centre ville et à cinq minutes de la gare SNCF, offrent un fort potentiel dont la municipalité a d’ores et déjà pris conscience depuis quelques années et a avancé l‘idée de créer un éco-quartier. En effet, la surface du site représente environ 40 hectares dont 18 hectares pour la papeterie, 8 hectares pour la minoterie, le reste étant occupé par les terrains de la Chaudronnerie et la Tuyauterie d’Aquitaine, les Ateliers de confection Moncade et Jerdac et le quartier de la gare SNCF.

Grâce à la réhabilitation des bâtis et à l’aménagement des friches avoisinantes, la ville vise plusieurs objectifs :
- un renouvellement urbain qui permettrait de créer un nouvel pôle attractif et surtout de préserver un patrimoine architectural datant du début de siècle,
- de permettre le développement des commerces et des services de proximité,
- de redynamiser la vie économique,
- de désenclaver et de réaménager le quartier de la gare,
- de favoriser les déplacements doux entre les différents quartiers, le centre ville et la base de loisirs d’Orthez-Biron située au sud-est de la ville,
- de valoriser et de se réapproprier les rives du gave de Pau qui sont actuellement méconnues des Orthéziens,
- de développer l’attrait touristique et la capacité d’accueil.

L’enjeu de ce projet est donc d’insuffler une nouvelle dynamique urbaine. Ce programme doit prend en considération l’importance d’augmenter la mixité sociale via la réalisation d’un parc de logements variés, de développer un pôle culturel et de loisirs (création envisagée en outre d’une base de nautique) tout en tenant compte de l’éventuelle création de la LGV Bordeaux - Toulouse et Bordeaux - Barcelone.

Ce projet consistera à réfléchir sur la manière d’investir et de réhabiliter un site industriel situé au cœur d’une entité paysagère forte qu’est le gave de Pau. Comment habiter et se réapproprier ce patrimoine sans pour autant gommer l’histoire qu’il représente ? Comment le gave de Pau peut-il devenir un lieu de rencontre pour les habitants tout en conservant son caractère naturel ?
Pour mener ce renouvellement urbain, l’idée d’un éco-quartier a été retenue. Diverses questions peuvent donc se poser. Quel intérêt peut avoir Orthez dans la mise en place d’un éco-quartier et quelles en seront les conséquences sur l’économie et le tourisme de la commune ? Cela répond-il  à un réel besoin ou est ce un effet de mode où chaque municipalité se doit de posséder son propre éco-quartier pour paraître dans l’air du temps ?
Pour y répondre, il faudra se pencher sur la notion même d’éco-quartier et sur ce que cela représente réellement.