Situé sur la commune d’Arles et à quarante kilomètres environ de son centre ville, le territoire et les paysages de Salin de Giraud sont le fruit de l’exploitation industrielle du sel de mer depuis le milieu du XIXème siècle, époque où Frédéric Mistral crée le mythe de la Camargue sauvage et romantique. De cette exploitation industrielle sont nés des paysages énigmatiques baignés dans une atmosphère de bout du monde, d’espace hors du temps. Une Camargue de bâtisses issues du paternalisme, de paysages à l’horizon incertain, de mirages et de vent. De l’incursion de l’industrie dans ce territoire terriblement reculé, de la culture prolétaire liée au paternalisme qui fût durant un siècle la logique de développement urbain et de vie des ouvriers, de la prégnance du milieu physique est née une culture singulière. Le Genius loci du lieu réside dans ce lien étroit entre culture(s) et nature, entre esprit du lieu et esprit du temps.

Or le temps semble avoir rattrapé ce morceau de territoire dont on ne sait si l’homme sculpte une certaine nature ou si les forces de celle-ci s’attellent, elles, à gommer, ronger et réinterpréter le travail de celui-ci. C’est dans cette subtile alchimie que réside l’essence du lieu, ainsi l’avenir de l’industrie menacé par des jeux financiers mondialisés c’est tout l’équilibre de ce territoire qui est remis en cause.

Aujourd’hui, la question de la mutation de ce territoire fonctionnel se pose et c’est tout un nouvel équilibre qu’il faut chercher, un équilibre dynamique voire un nouveau contexte. Un élan. Le salin porte en lui les ingrédients d’un projet porteur de renouveau ne tournant pas le dos à son identité, d’un projet alliant dimension économique, écologique et sociale dans une optique de durabilité.

Aussi, ce territoire complexe ne peut être résumé à ses propres caractéristiques et son avenir être un consensus, la démarche paysagère est cohérente en cela que la mutation de ce territoire se cristallisera dans celle de ses paysages et ses antagonismes se traduiront dans la gestion de l’espace.