Etudiant : Eric Plouvin |
Directeur de mémoire : Jean Grelier |
Montesquieu-des-Albères : quand le risque incendie nous amène à repenser le paysage.
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Montesquieu-des-Albères est une petite commune rurale du sud des Pyrénées Orientales, entre montagne et rivière, entre forêt et vignes. Elle a subi un incendie important en 1986 où la population a été traumatisée par ces flammes dévorant tout sur leur passage et menaçant leurs biens. Aujourd'hui, l'expansion urbaine mais aussi la déprise agricole et la conquête de ces espaces par le maquis et la forêt, ont transformé le paysage et rendent le risque plus sensible que jamais. La population et les élus, conscient de ce danger, vivent dans la crainte. Les populations de ces zones à risque important sont tantôt résignées en voyant la « menace » grandir, avec un certain fatalisme; tantôt cherchent à dompter la Nature, afin de diminuer ce risque dit naturel. Pourtant le feu fait partie des régions méditerranéennes. Il est important de saisir que le feu a été, est, et fera toujours partie de la vie de cette région. Le sol, le climat, la végétation, étant les facteurs clé qui conditionnent ce risque. Les médias présentent souvent l'incendie comme la désolation et la mort. Souvent avec des images de collines calcinées et des paysages lunaires d'apparence « sans vie ». Ceci est d'autant plus vrai dans cette région, où les espaces naturels ont joué un grand rôle dans le développement touristique et le bien être des populations locales. Le feu est alors vécu comme un anéantissement de ce qui est cher. (La profusion de projets d'infrastructures dans la région radicalise d'autant plus la population « soucieuse de sa nature et de son paysage »). L'Homme a conscience qu'il peut créer des barrières, des digues, des douves, des murailles, ... pour se protéger de diverses menaces. Il est légitime de vouloir protéger ses biens et même sa vie ! Mais il faut trouver un juste milieu, et qui plus est avec un risque impossible à maîtriser et qui perdurera à travers les âges. Faut-il rester les bras croisés en voyant un risque naturel s'amplifier ? Faut-il à contrario, tout faire pour s'en protéger ? Là est toute la problématique de ce genre d'espaces, fortement conditionné par un risque élevé. Le rôle du paysagiste serait donc de trouver un juste milieu entre ces voies extrêmes. De déterminer les espaces à protéger et de s'en donner les moyens; tout comme laisser d'autres espaces qui subiront possiblement un incendie à l'avenir et reprendront place dans un cycle naturel. Ou encore des espaces où il sera utile de trouver des moyens « doux » pour réduire le risque de feux trop fréquents, etc. L'important étant de ne pas vivre dans la fatalité et l'image d'un incendie destructeur et de ne pas réagir que par la protection maximale. L'intention ne serait pas ici de retrouver le paysage d'antan. Ce n'est pas de tout laisser en l'état avec une certaine fatalité. C'est de créer un nouveau paysage. Un paysage qui respecte l'Homme tout comme il respecte "la Nature et le feu". Un paysage où les milieux peuvent être dissociés, mélangés ou entremêlés. Un paysage qui traverse le feu, qui subsiste après le feu. Un paysage qui instaure « la paix entre les deux mondes qui actuellement semblent s'opposer ». |