« La plage, disponible, est bel et bien à consommer comme un monde dissocié des réalités naturelles et sociales »
Le littoral subit de nombreuses pressions tant naturelles qu’anthropiques : érosion, pollutions, urbanisation, activités industrielles et touristiques, montée des eaux ; autant de données qui en font un paysage aux enjeux multiples.
Le trait de côte y est dessiné tant par la mer que par l’homme et son irremplaçable désir de rivage. Cet ensemble de facteurs crée des logiques contradictoires. Espace confiné et sous tensions, le littoral est souvent exploité, sur fréquenté et fragilisé.
La côte fleurie, en Normandie, façonnée par la proximité de Paris depuis la frénésie des bains de mer au début du XXe siècle, est un grand lieu de villégiature et un exemple particulièrement éloquent de l’urbanisation du littoral et des enjeux qui en découlent. Elle s’étend de Honfleur (situé à l’embouchure de la Seine) à Cabourg, en passant par d’importantes villes balnéaires telle Deauville.
L’urbanisation s’y étend en quasi continu, les villes construites dans leur relation au rivage se succèdent sur le front de mer, créant une frontière très marquée entre le rivage et l’arrière pays bocager. La côte est composée de diverses séquences, falaises, plages, vestiges militaires, dunes, qui tendent à s’uniformiser par un front bâti continu qui en rend l’accès souvent difficile. De la route côtière, il est rare d’avoir des points de vue et des accès sur la mer ; seules défilent les habitations et les équipements touristiques.
L’évolution de la côte, dictée par l’attrait du rivage, linéarise le front de mer au détriment de sa relation aux paysages de l’arrière pays. Ces villes, surpeuplées en période estivale, en font une côte parcourue et exploitée par intermittence en vue d’assouvir le désir de rivage des vacanciers. Longtemps considérée comme préservée par rapport à la côte d’Azur, la côte normande est aujourd’hui très fréquentée et urbanisée, en particulier par des résidences secondaires, bien que protégée par Le Conservatoire du littoral.
La côte fleurie a pour particularité la proximité du bocage du pays d’Auge encore préservé mais qui commence à être progressivement investi par de grands projets immobiliers.
Les enjeux sont donc complexes pour ces milieux fragiles et convoités, des paysages en perpétuel mouvement voués à une anthropisation inlassable.
Quel avenir pour ces milieux ? A travers ce sujet, il s’agira de s’intéresser au littoral lui-même, mais surtout à son arrière pays et son évolution face à l’urbanisation future. Ce phénomène déjà très présent se verra accentué par le projet du « grand Paris » qui en fera une zone littorale aux portes de la capitale.
Comment concilier pression foncière accrue, extension des villes balnéaires et préservation du littoral et de son arrière pays proche ? Un travail sur le trait de côte implique d’amorcer une démarche de développement intégré associant le littoral et son arrière pays.
Ce travail se constituera dans un premier temps d’une réflexion à grande échelle de l’ensemble de la côte, sur une étendue de 25 km, dans le but de comprendre comment se composent et s’articulent les paysages encore préservés et les espaces urbanisés. Que constitue la côte et quelles en sont ses limites ? Comment inter agissent les différentes entités paysagères du littoral ? Comment faire en sorte que le bord de mer soit plus aéré et ouvert tout en préservant le bocage d’une urbanisation diffuse ? Quels accès au rivage ?
Comment redonner une cohérence à l’ensemble du littoral sans en dissocier les différentes entités, entre plage et bocage, quelle relation, quelles dynamiques ? |