Une nouvelle aire urbaine.
La ville est un organisme diversifié. Sa valeur de centre d’énergie est de plus en plus reconnue aujourd’hui, en Suisse également. Des régions urbaines définiront les villes de demain. Le rôle des frontières cantonales et nationales se dissout pour faire place à des alliances transfrontalières. Les hiérarchies et les catégories perdent de leur importance. Le partage et la flexibilité gagnent du terrain. De nouveaux outils de planification privilégient la coopération afin de rechercher des solutions créatives. La qualité de vie des métropoles, facteur d’attractivité majeur, dépend de manière cruciale de la qualité des espaces publics, de la création de dynamiques nouvelles entre agriculture et région urbaine, ainsi que de l’accessibilité aux « espaces de nature » environnants.
L’entrée dans le XXème siècle est marquée notamment par la création d’une nouvelle aire métropolitaine européenne, celle de l’agglomération franco-valdo-genèvoise. Le bassin franco-valdo-genèvois compte aujourd’hui 116 communes comprises entre le canton de Genève, le district de Nyon dans le canton de Vaud, sur territoire suisse, et une partie du département de Haute-Savoie et du pays de Gex, sur territoire français. Le projet d’agglomération franco-valdo-genèvois a été mis en place en 2001, à l’initiative du canton de Genève. Il concerne 800000 habitants et 400000 emplois. A l’échéance 2017, la population supplémentaire sur les communes françaises de l’axe RD 1005, reliant Genève à Gex, serait de près de 10000 habitants, et de près de 25000 habitants à l’échéance 2030. Des projets routiers de grande ampleur, comme le doublement de la RD 1005, de liaison RD 35/RD 1005 pour soulager le réseau viaire, et d’extension du tramway genevois à travers la frontière, seront les supports de ce développement urbain.
La plaine et le bassin lémanique : de Genève à Gex.
Etat des lieux.
Il ne fait aucun doute que les paysages de la plaine gessienne, pris entre la Haute-Chaîne du Jura, le lac Léman et les Alpes, sont grandioses. Les hautes chaines montagneuses qui se font face, véritable décor éternel, composent les horizons de la plaine : au Nord, la silhouette calme et usée du Jura, au Sud, les sommets ciselés des Alpes. La plaine doucement inclinée, paysage ouvert sur le lac, tourne le dos au massif ancien. Entre la région Rhône-Alpes en France et le canton de Genève en Suisse, la découverte d’un site chahuté par une pression urbaine étonnante ne laisse pas indifférent. Une plaine, ponctuée de vergers, s’étend comme indéfiniment. Des champs, un peu d’élevage par-ci par-là, tapissent le sol. Quelques vignes s’accrochent aux premières pentes. Des fermes isolées arrêtent le regard. Un manteau épais de forêts cerne les villages du Piémont. Des chevaux paissent dans leurs enclos à deux pas de la route départementale qui relie Genève à Gex, la seconde ville de Suisse à la ville porte du Parc Naturel Régional du Haut-Jura en France.
C’est depuis la fin des années 70 que l’urbanisation de la plaine s’est accélérée, grignotant frénétiquement les anciennes parcelles agricoles. Un développement urbain comme on peut en voir partout ailleurs, aveugle et sourd des constituantes du territoire : pavillons standardisés, résidences fermées, zones commerciales tentaculaires, réseaux discontinus gouvernés par la voiture. Des centre-bourgs subsistent tant bien que mal aspirés par des dynamiques nouvelles, impatientes, infidèles.
Le projet d’agglomération a été signé le 7 décembre 2007. Le pays de Gex s’est doté d’un Schéma de Cohérence territoriale (SCot), approuvé le 12 juillet 2007. Le territoire du Scot du Pays de Gex accueille aujourd’hui environ 10 % de la population de l’aire urbaine genevoise (environ 70000 habitants). La communauté de communes du Pays de Gex compte aujourd’hui 30495 habitants répartis entre les principaux pôles urbains que sont Gex et Ferney-Voltaire, les petites villes de Prévessin Moëns, Ornex, Segny, Cessy et les hameaux. Ces Outils de planification actuels (Projet d’agglomération et SCot) s’accordent sur l’hypothèse d’une croissance démographique de 2,5% maximum.
Diagnostic.
Le territoire du Pays de Gex est depuis plusieurs siècles un lieu de passage, d’échanges, entre la France et la Suisse. La question de l’ancrage de ce territoire frontalier s’est ainsi toujours posée. Aujourd’hui, le bassin lémanique est un berceau majeur de l’emploi au niveau européen et international (aéroport international de Genève, centre européen de recherches nucléaires, siège européen de l’Organisation des Nations-Unies…). Les activités frontalières rythment l’économie du territoire. Les travailleurs frontaliers qui habitent en France et travaillent en Suisse, pour la plupart, se déplacent, consomment puis repartent travailler ailleurs. Ce jeu de transit ne va pas dans le sens d’une appropriation du territoire, garante de son avenir. Ce qui autrefois était appelé le « grenier de Genève » se caractérise aujourd’hui par la disparition de la hiérarchie ville/campagne, au profit d’une juxtaposition de pièces constituantes d’une urbanité nouvelle. Le paysage est consommé chaque jour un peu sans que l’on pense qu’il serait bon d’ »habiter » et non pas seulement de « travailler » en traversant jour après jour la frontière. La cohabitation de centres, de villages, de zones d’activités, de zones résidentielles, de forêts et d’agriculture sans définition réelle du rapport spatial et fonctionnel entre ces pièces, pose la question de l’identité de la plaine gessienne.
Identité et relation ville/campagne
Enjeux.
Le sujet de diplôme « Echappée urbaine » traite de la relation entre la ville de demain, son territoire et ses campagnes. Il s’agira d’identifier ce qui fait du Pays de Gex un territoire transfrontalier, en « périphérie » de Genève dans lequel la ville future serait amenée dans la ville d’hier, pour l’épouser et la recréer. La RD 1005 est aujourd’hui réservée à la seule voiture. Son vocabulaire routier ne satisfait pas la vision d’un espace partagé par tous et pour tous.
Les enjeux sont les suivants : rôles et identités des centres périphériques et des axes urbains majeurs entre les développements urbains denses ; la relation entre développement urbain et agriculture ; les rapports entre cadre bâti et paysage.
Programme.
Le projet de paysage propose de définir un concept territorial paysager et urbain comprenant : la définition d’un réseau de respirations et des coupures entre les secteurs urbanisés, l’élaboration de principes pour une «agriculture urbaine » au sens d’une agriculture de proximité privilégiant des circuits courts ; la définition des réseaux de déplacements (lignes transports en commun structurantes, projetées, itinéraires des mobilités douces, interfaces de transport) ; le dessin de la maille des espaces publics et de leur mise en réseau à l’échelle du territoire ; l’identification de secteurs stratégiques d’urbanisation et de renaturation articulés entre eux, les secteurs à densifier, les fonctions et densités (types de logements, d’activités, de loisirs, de services, d’équipements).
De Genève à Gex, une promenade métropolitaine
Scénarios et projets
Des séquences articulées entre elles seront définies le long de la RD 1005 et apporteront une diversification tout au long de l’axe et aussi de manière ponctuelle (arrêts, interfaces…). La stabilisation de certains contrastes – respirations (vergers, champs, pâtures…) - dans les parties les plus denses sera intégrée dans un réseau d’ensemble, maillé, favorisant les déplacements doux. Un traitement des franges avec un épaississement (2x2 voies RD 1005, en lien avec l’axe Cornavin-Meyrin-St Genis) sera défini dans le cadre d’une vision multipolaire où les radiales ne sont pas le seul support de développement métropolitain. Un réseau de villages et de fermes sera mis en valeur. |