Etudiante : Lucile Besson |
Directrice de mémoire : Jacqueline Osty |
Zone Naturelle de Rumilly : rupture ou continuité ? |
C’est au cœur des pré-Alpes, dans un paysage rural vallonné encadré par les chaînes montagneuses du Semnoz et du Clergeon, qu’ont été posées les premières pierres de Romilia. Cette cité romaine, sujette aux épopées de l’histoire sera menée tantôt entre les mains des Comtes du Genevois, puis des Ducs de Savoie, avant d’être rattachée au royaume Piémont-Sardaigne. Il faudra attendre le XIXème siècle pour la voir se libérer des influences voisines et s’inscrire comme ville autonome, sous le nom que nous lui connaissons aujourd’hui : Rumilly. La commune, avec ses multiples facettes, ne peut s’appréhender sans remonter l’horloge du temps. Elle doit avant tout la richesse de son territoire aux composantes morphologiques, et principalement aux cours d’eau du Chéran et de la Néphaz. Tous deux sont particulièrement hostiles à l’anthropisation de part leurs berges abruptes et leur lit irrégulier. Ils fusionnent au Nord de la commune, avant de poursuivre leur course vers le Fier, puis la vallée du Rhône. C’est en l’éperon rocheux formé par la confluence de ces deux rivières que nos ancêtres ont vu un point stratégique pour l’édification de la ville. Mais cette implantation révèle très vite ses limites. Dès lors que l’expansion urbaine franchit le seuil du centre-ville historique, l’intégrité et la lisibilité des cours d’eau se trouvent menacées. Le Chéran, contrairement à son voisin, connaîtra une pression urbaine moindre, mais verra fleurir sur ses berges une myriade d’activités (carrière d’extraction de sable, tanneries, station de traitement des eaux, base de loisirs etc). L’attrait pour les villes voisines que sont Aix les Bains et Annecy renforce la mise à l’écart de Rumilly. Le trafic pendulaire se développe ; on habite la ville mais on ne la vit pas. Comment remettre en question et dissiper cette ombre projetée sur Rumilly ? Et comment permettre à cette ville dortoir de se révéler comme véritable ville à vivre ? Quelle démarche entreprendre pour révéler les potentiels cachés de ce territoire ? Les orientations énoncées dans le PADD révèlent l’actuelle nécessité de mise en valeur des Zones Naturelles ; mais cet objectif ne semble visiblement pas primordial à côté des grands projets d’urbanisme soutenus par la ville. Le grignotage sempiternel des berges du Chéran par les infrastructures et le repli du centre-ville sur lui-même vont à l’encontre des objectifs territoriaux et confortent le caractère déstructuré de la partie Est de la commune. Il en convient d’opter pour la requalification de la Zone Naturelle située le long du Chéran (100ha), de redéfinir son rôle et l’identité dont elle est porteuse pour la commune, tant à l’échelle du paysage que sur les plans social, écologique et durable. Comment enfin ne plus privilégier le rôle de limite communale tenu par le Chéran mais au contraire effacer le contraste entre la ville et le milieu rural ? Fédérer deux paysages, deux modes de vie, par le biais de ce corridor naturel ne peut-il pas permettre une meilleure connaissance de la commune et révéler la richesse de son territoire ? Enfin, quels moyens mettre en œuvre pour assurer une continuité progressive entre le centre-ville, ses quartiers périphériques (résidentiels et industriels) et la zone Naturelle, tremplin vers l’Albanais rural ? |