Entre 1906 et 2005, la température moyenne à la surface de la terre a augmenté d’environ 0,74°. De plus, le réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est deux fois plus rapide que les cinquante premières années. De nombreux pays ressentent déjà les effets du changement climatique. En France, les dix années les plus chaudes du siècle sont toutes postérieures à 1988. La sécheresse de 2003 et le déficit hydrologique prononcé de 2005 constituent autant de signaux avertisseurs. Ces évènements, considérés comme exceptionnels, vont devenir une situation de plus en plus courante. Celle que l’on nomme l’«or bleu» est en phase de devenir un enjeu stratégique mondial dont les répercussions seront encore plus marquées que pour le pétrole.
Depuis plusieurs années, la situation de l'alimentation en eau potable dans l'ouest de la Vendée est soumis à cet aléa et tend à devenir critique au fil des ans. L'ouest du département a évité de peu la coupure d'eau générale lors de l'été 2005. Alors même que les barrages avaient atteint leur niveau maximal en début de saison, les capacités stockées ne suffirent pas face aux besoins de la population vendéenne et des touristes. Le déficit hydrologique est réel. Longtemps considérée comme une ressource inépuisable, pure et gratuite, l’eau potable est aujourd’hui de plus en plus rare.
Il apparaît un déséquilibre en Vendée entre les ressources en eau disponible et ses multiples usages sur la zone côtière Nord-Ouest. Selon une étude d’Hydratec en date de 2004, l'eau potable y sera déficitaire de 8 à 10 millions de mètres cubes (Mm3) d'ici 2015. Cette dernière est ponctionnée dans les eaux de surface pour 90% et seulement 10% dans les eaux souterraines, rares sur la côte en raison du socle géologique. Le centre et le Sud du département bénéficient d'un excédent en eau potable de 7 Mm3 qui s'explique par la qualité du sous-sol qui facilite la rétention des eaux. De plus, la présence d'une nappe souterraine et de rivières importantes améliorent encore la disponibilité. Au final, le bilan global de la Vendée restera déficitaire de 5 Mm3. Au regard des résultats, l'assemblée Générale de Vendée Eau (société privée de service public de l'eau potable) a adopté le 15 novembre 2004 un plan de sécurisation et un programme d'actions sur 5 ans. Les solutions proposées passent par la recherche complémentaire en eau souterraine dans le socle, la sensibilisation et la lutte contre le gaspillage, la réalisation d'une retenue, des études de dessalement d'eau de mer, un travail sur des maisons écologiques témoins, l'utilisation de carrières anciennes pour le stockage... En complément de ces préconisations, le Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eau Potable de la Région des Sables d'Olonne (Maître d'ouvrage du projet), assisté des services administratifs et techniques de Vendée Eau ont lancé une étude préalable à la réalisation d'une retenue d'eau sur la rivière de l'Auzance.
La vallée de l'Auzance se compose de paysages variés fluctuant selon le gradient d'humidité et de salinité, nous révélant de la sorte une diversité de milieux riches sur les plans floristiques et faunistiques. Les versants et les plateaux de l'Auzance sont caractérisés par la polyculture et l'élevage sur un fond de trame bocagère. Le fond de vallée est enclavé dans une masse boisée qui souligne le fil de l'eau. Cette vallée possède un patrimoine naturel classé au titre de l'entité des marais d'Olonne et de l'estuaire de l'Auzance. Les marais d'Olonne, situés à 2,8 km en aval du projet, comportent les inventaires ZNIEFF, ZICO, zone humide d'importance nationale et deux zonages du réseau Natura 2OOO, mention ZPS, SIC.
L'Auzance est la dernière rivière naturelle et sauvage de Vendée. Ce projet de retenue va profondément modifier la morphologie de la vallée, les écosystèmes et les ambiances qui lui sont propres. En effet, la retenue va générer une élévation du niveau de 18,5 mètres dont les effets se feront ressentir à 8,5 kilomètres en aval. La retenue représentera une superficie de 126 ha à 147 ha pour un volume de stockage de 8,3 Mm3. Au-delà même des paysages de la vallée, des changements vont s'opérer, d'un point de vue social, économique et touristique.
L’objet de mon travail de fin d’études sera de réfléchir à l’opportunité de ce type d’aménagement et d’apporter des solutions techniques afin d’intégrer un barrage à l’espace considéré. Cette réflexion passe par une appréhension du fonctionnement de l'ensemble du bassin versant qui révèle les interactions économiques, écologiques et les pressions humaines, de façon à comprendre les mécanismes. Puis, un travail plus précis va permettre d'identifier des secteurs de projet et la mise en place de propositions sensibles adaptées aux attentes des décideurs et des populations concernées.
Il nous faudra aussi répondre à certaines interrogations telles que :
- Peut-on considérer les barrages comme des éléments pouvant participer au développement durable sachant qu'ils détruisent ou modifient irréversiblement les écosystèmes en amont et en aval ?
- Comment concilier la protection des sites naturels et le maintien ou l'amélioration de l'accès aux ressources en eau d'une région, tout en respectant les différentes entités paysagères et la diversité des milieux ?
- Comment les apports techniques et esthétiques pourront signifier l'expression d'une nouvelle volonté en matière d’intégration d’un ouvrage et de valorisation d’un site et, au final, générer une autre image de la vallée ?
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