La Dives est une rivière littorale de 116 km de long dont les nombreux affluents drainent une plaine de marais pâturés. Cette plaine est délimitée à l’ouest par le coteau boisé d’Houlgate et à l’est par les buttes et vallons céréaliers de Caen. Un front bâti longe les dix kilomètres de plage.
Avant les travaux d’endiguement entrepris au XIXe, le lit de la Dives se déplaçait dans une vaste baie. En subissant les mouvements de la marée, la rivière dévoilait son fond vaseux et elle se frayait en de nombreux filets dans les schorres (formations herbacées seulement submergées aux grandes marrées). Ces mouvements et ces contrastes créèrent une mosaïque de milieux qui faisait de la Dives la ressource nourricière privilégiée des habitants plutôt que la haute mer. Mais cette mouvance les obligeait à construire de nouveaux ports : au gré des courants, des zones s’envasaient alors que d’autres se creusaient. La Dives étant une voie commerciale importante, elle fut enfermée entre des merlons au XIXe pour palier à cette contrainte, ainsi que pour gagner des terres sur la baie. Mais elle y perdit de sa beauté et de sa richesse biologique. De plus, un canal, plus facile à entretenir, la remplaça dans sa vocation de transport. La Dives n’est plus utilisée.
A son estuaire, elle est prise entre Cabourg et Dives-sur-Mer. Durant ce même siècle, ces deux villages de pêcheurs sur la rivière connaissent un changement radical d’identité, qui distend leur trame urbaine. Ils se détournent de la Dives en bâtissant sur la chaîne dunaire qui les sépare de 750 m de la mer. Cabourg devient la célèbre cité balnéaire qu’elle est toujours. Sous l’impulsion de promoteurs parisiens, la centralité jouée par l’église est remplacée par le grand hôtel en front de mer. Les rues y partent en éventail. L’église est isolée par la D 514 qui, longeant la côte, est très fréquentée. Dives-sur-Mer devient une ville industrielle avec l’implantation d’une usine de cuivre sur le front de mer. En 2000, l’usine est détruite pour bâtir un port de plaisance. Mais à l’inverse de Cabourg qui s’est radicalement séparée de son passé, Dives-sur-mer est écartelée par l’absence de liaisons piétonnes entre son centre moyenâgeux au pied du coteau et son port de plaisance sur la mer.
Ces changements d’identité ont marqué les berges de la Dives. A Dives-sur-mer, une fois le port passé, une friche la sépare des habitants. Il y a encore huit ans et sur 120 000 m2, entre la rivière et une des anciennes cités ouvrières bordée de jardins familiaux, se trouvait une décharge, utilisée par toutes les communes limitrophes. Elle a été remblayée depuis, mais elle stigmatise encore le site, toujours désigné comme le « site de l’ancienne décharge ». C’est un imposant dôme bosselé de trois mètres de haut et de couleur grisâtre et rouille, lorsque les hautes herbes ne l’ont pas recouvert. Ça et là, des tiges métalliques sortent de terre, nous laissant imaginer la pollution qu’a subie et que subit encore le site. Les dépôts sauvages y sont encore pratiqués. Le site est repérable par une ligne à haute tension et la station d’épuration de Cabourg, en face, nous inonde de ses effluves lors de vent d’ouest. Sur l’autre rive, il est impossible de parcourir la rivière dans sa longueur, mais la berge fauchée est « plus propre ».
Dives-sur-Mer et Cabourg souhaitent reconquérir les berges de la rivière par des cheminements piéton/vélo, qui rejoindraient aussi Houlgate. La commune de Dives-sur-mer vient par ailleurs d’acquérir l’emprise de la voie SNCF désaffectée longeant l’ancienne décharge, afin de relier les communes en arrière. Ces volontés s’inscrivent dans le plan vélo du Conseil Général du Calvados, ainsi que dans le projet de liaisons littoral/arrière pays du SCOT du Nord du Pays d’Auge.
Dans le cadre de ce travail de fin d'études, il s’agira de répondre à ces besoins exprimés, mais aussi de recoudre les trames de Dives-sur-Mer et de Cabourg. Le projet s’appuiera sur la Dives, rivière qui a sculpté les paysages de la plaine, des marais encore bien exploités au coteau boisé, et qui offre en vis-à-vis deux villes au passé architectural et urbain différent. La mise en valeur de la rivière doit être poursuivie au-delà du port de plaisance. Il sera nécessaire de s’interroger sur les techniques à utiliser pour la requalification de l’ancienne décharge et sur les possibilités de redonner à la Dives la beauté et la richesse biologique qu’elle possédait. Les conséquences de l’élévation du niveau marin sur la dynamique de la rivière seront également développées. Les digues étant essentielles à la protection de Cabourg et de Dives-sur-Mer construite de moitié sur remblais, il s’agira avant tout de révéler cette rivière et de proposer à ces communes un projet de valorisation dans le cours terme, tout en ayant mesuré les effets et la viabilité du projet à long terme.
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