Ayant été habituée à parcourir les étendues peu habitées de l’agriculture intensive dans l’Est de la France, la côte d’Azur est un territoire qui m’a toujours émue à chaque voyage, comme si je la découvrais pour la première fois : c’est le choc de la beauté des sites naturels ensevelie sous une urbanisation infinie et asphyxiante, toutefois lissée par la végétation et l’étalement urbain pour que cela reste supportable. Sophia Antipolis s’inscrit dans ce type de paysage qui m’amène à m’interroger sur le mode de vie de ses habitants. Cependant, elle se détache parmi les autres puisqu’elle a toujours été le lieu d’expérimentation sur son organisation du territoire et qu’elle constitue un lieu spécifique par sa seule activité : la recherche et l’innovation. Cela lui donne une position extraordinaire : elle peut devenir un fer de lance en développant dans la région un Transport en Commun en Site Propre (TCSP) dans une zone d’étalement urbain. De plus, le projet peut également devenir une opération pilote en tant que technopole majeure en France face aux autres technopoles qui se sont toutes inspirées du « mythe » Sophia. Dans un premier temps, nous allons développer une brève présentation de Sophia, puis nous évoquerons quelques pistes d’analyse pour le mémoire, et enfin nous aborderons la question du TCSP qui sera le fil conducteur de mon projet.
Sophia Antipolis est une technopole, c'est-à-dire un lieu où se concentrent entreprises et recherche pour former un pôle d'excellence dans plusieurs domaines. Dans les années soixante dix, Sophia est créée de toute pièce en plein coeur de la forêt, sur une idée de partage entre les communes d'Antibes, Valbonne, Vallauris, Biot et Mougins. La forme urbaine de la technopole résulte en grande partie de riches réflexions menées sur le paysage : épouser la forme du relief, s'insérer dans le paysage à mi-pente pour préserver les sommets et les vallons, non construction des versants nord pour protéger la vue vers la mer, règle du un tiers de bâti pour deux tiers d’espaces verts... Aujourd’hui, l’objectif d’immerger les constructions dans les pins a réussi. Cependant, la technopole s'est trouvée diluée dans le territoire et n'a pas toujours privilégié des espaces pour vivre ensemble. Entre 25 000 et 30 000 personnes y travaillent et étudient, tandis que seuls 6300 personnes y habitent. Ainsi, les problèmes actuels de Sophia sont le manque de centralité et de repères dû à sa dilution dans le paysage, l'engorgement du trafic matin et soir et la difficulté de trouver un logement pour les travailleurs.
L’analyse de site pourra replacer Sophia dans son contexte car elle rencontre des problèmes qui concernent en fait l’ensemble de la Côte d’Azur : engorgement des transports, difficulté de logement, étalement urbain s’opposant à la préservation de l’environnement…La construction de lignes de TCSP à Sophia paraît alors indispensable même si elle n’est qu’une goutte d’eau dans le réseau de transport. On pourra donc considérer le problème à plus grande échelle avant d’étudier le tracé du TCSP, de façon à déterminer à quoi il se raccorde. Par ailleurs, l’analyse du territoire sera l’occasion de s’interroger sur ce que recherchent les entreprises tertiaires en 2009, et plus généralement quels espaces sont générés par ces lieux de travail. Le travail sera mené à double échelle sur le thème « technopole », c’est-à-dire connaître le fonctionnement d’autres technopoles dans le monde mais aussi comprendre la technopole dans son activité pour découvrir comment les travailleurs quotidiens et les gens de passage ressentent l’espace.
La technopole pourrait connaître un tournant de son histoire car le récent SCOT de la Communauté de Commune de Sophia Antipolis prévoit de doubler la superficie de Sophia pour tendre vers 50 000 travailleurs et de faire venir deux lignes de Transport en Commun en Site Propre, soit deux lignes à échéances différentes. Mon projet s’organisera autour d'une ligne de TCSP que j’aurai choisi et il tentera de définir quelles seront les opportunités de changement pour Sophia face à cette nouvelle structure. En effet, le TCSP offre de grandes possibilités à Sophia pour se renouveler et se poser la question de son développement, de ses espaces publics et de son identité. Le long de cette ligne, mon projet pourra proposer de nouveaux espaces publics qui seront relayés par un réseau de liaisons douces. Nous nous demanderons également comment densifier Sophia autour de cet axe : logements pour les travailleurs, nouvelles entreprises, ou encore équipements de loisirs liés à la périphérie d’Antibes.
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