L’existence du canal de l’Ourcq est directement liée à l’histoire de l’urbanisation de Paris et de sa proche banlieue. Achevé en 1826, le creusement de cette voie avait une double vocation : amener l’eau dans la capitale et, étant connectée à la Seine par l’intermédiaire du canal Saint-Martin, offrir une nouvelle desserte utile au développement économique et industriel de l’Est parisien.
Le faible coût des terrains et la présence du canal, doublée par les voies du réseau des chemins de fer de l’Est, et même triplée par le passage de la Nationale 3, ont permis l’essor industriel des communes limitrophes à l’Est de Paris.
Amorcée tardivement à la fin du XIXème siècle, la transformation par l’industrie du territoire de Pantin s’est poursuivie jusque dans les années 1920, avec l’aménagement d’un port inscrit dans un schéma régional. Cette opération comprenait l’élargissement du canal et la création sur les deux rives de bâtiments de stockage (magasins généraux) gérés par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris, faisant de ce site une interface d’échange avec le train voisin.
Depuis les années 1960 environ, la plupart de ces activités ont cessé sur la rive Sud du port de Pantin. Celles qui persistent sur la rive Nord sont désormais exclusivement tournées vers le chemin de fer.
La présence des réseaux qui ont amené l’industrialisation des espaces bordant le canal leur fournit aujourd’hui un fort potentiel pour la création de nouveaux quartiers aux portes de Paris, très bien connectés. Plus qu’une simple porte d’entrée dans la capitale, le canal forme un lien solide entre Paris et ses abords orientaux. Il est en train de devenir un axe de développement important.
Comme souvent dans l’urbanisation de la capitale et de sa banlieue, un schéma concentrique de développement s’applique. Ainsi le long de l’axe orchéen, nous avons pu assister à la transformation du site des abattoirs la Villette en parc urbain au début des années 1980, puis à la réhabilitation des Grands Moulins de Pantin, en cours d’achèvement. En progressant un peu plus à l’Est, des délaissés persistent. Ainsi, la rive Sud du port de Pantin est encore occupée par une friche à l’identité marquée, s’étalant de part et d’autre des anciens magasins généraux, logés dans un impressionnant bâtiment, perçu de loin, aujourd’hui désaffecté. D’ici quelques années, ces quais seront à leur tour requalifiés. Les possibilités qu’offre un tel lieu n’ont d’ailleurs pas échappé aux décideurs. Les terrains qui appartenaient à la chambre de commerce et d’industrie de Paris ont été rachetés par la ville de Pantin qui a prévu ici la réalisation d’un nouveau quartier à usages mixtes (la ZAC du Port de Pantin).
Il s’agit tout d’abord d’accrocher la ville à son canal, au Sud, sur la frange qui s’insère entre la nationale 3 et les quais, par l’intermédiaire d’un quartier qui devra composer une nouvelle trame urbaine dans laquelle s’insèreront logements et activités, tout en prenant en compte l’ambiance d’un canal industriel, puisque cet élément fonctionnel a progressivement donné une identité prononcée au territoire traversé, gravant sur les quais les traces encore visibles des déplacements de marchandises.
Le canal constitue un atout indéniable pour la ville, mais l’axe trace aussi une séparation a priori infranchissable, puisque parallèlement à la voie d’eau s’étire aussi au Nord un large faisceau de voies de chemin de fer, accompagnées de bâtiments aux usages liés à la présence du rail.
Ainsi, au-delà du simple investissement de berges désormais vacantes, de quelle façon l’intervention peut-elle aussi considérer des entités plus éloignées ? Comment les fédérer autour d’une nouvelle portion de ville et ainsi tenter de résoudre le problème de morcellement autour des infrastructures de l’ère industrielle, enclaves fonctionnelles qui ont totalement bouleversé l’urbanisme de Pantin ?
Le nouveau quartier au bord de l’eau pourrait-il servir à réunir une ville qui pour le moment ne dispose pas d’espace à vocation de rassemblement ?
Et enfin, comment envisager le canal dans sa longueur pour décliner les possibilités offertes par cet axe (le lien entre les différents points stratégiques qu’accueillent ses berges, l’utilisation comme voie de transport public) ?
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