La ville de Saint Etienne, résolue à reconvertir son passé industriel et se tourner vers une image contemporaine culturelle de la ville, compte effectuer un réaménagement de cet ancien site minier. Il s’articule autour du musée de la mine, dans les anciens locaux de l’usine. Par sa configuration et les éléments qui le constituent, il renvoie à deux dimensions paysagères. La plate-forme basse articule le site à la ville à l’Est, il ramène le site à l’échelle urbaine. Des infrastructures de transport sonores comme la voie ferrée de la gare St Etienne Clapier et la D8 en définissent les limites.
Le site s’étend ensuite vers l’Ouest. La présence des deux terrils en friche introduit l’échelle du grand paysage qui dialogue avec les horizons des coteaux de la vallée dans laquelle s’inscrit la ville.
Ce site conjugue problématiques paysagères et sonores.
Comment requalifier cette friche industrielle en fonction du programme du projet de ville ? Comment penser un aménagement paysager sonore capable de révéler l’identité du site Couriot ?
Actuellement, les usagers potentiels ne s’approprient pas cet espace à l’identité fragile. Malgré un aménagement temporaire, la plateforme basse du site est totalement ingérée par la ville, sa logique, sa rumeur, son rythme rendant impossible toute création d’une identité propre. Un aménagement paysager sonore pourrait induire un nouveau regard sur ce site et ses qualités intrinsèques, créer une ambiance sonore propre au site qui deviendrait une de ses caractéristiques marquantes.
De plus, cette démarche permettrait une ouverture culturelle sur le sonore en ville, complémentaire de l’image de ville design, en adéquation avec le programme Saint Etienne capitale culturelle européenne 2013.
Pourquoi penser spécifiquement paysage sonore sur ce site ?
La place du paysage et du paysage sonore dans ce site.
La liaison à la ville s’effectue, actuellement, uniquement par des barrières physiques : voies ferrées, boulevard urbain, dénivelé important. Il s’agit alors de composer avec ces limites qui empiètent de manière phonique sur le site, ne lui permettant pas d’acquérir une identité propre.
Entre annexion et déconnexion, la plateforme basse du site Couriot doit définir son rapport à l’urbain environnant et sa place dans l’image globale d’entrée de ville.
Il faudra pour cela travailler les liaisons et coupures sonores entre la ville et le site, mettre en valeur des traces historiques de façon visuelle et sonore comme éléments identitaires, mais aussi travailler sur la gestion écologique dont l’écologie sonore du site.
La question d’identité et d’appropriation de l’espace se pose, à une autre échelle, pour les deux crassiers. Ces éléments monumentaux sont pour l’instant en friche, interdits d’accès. Comment les inclure à la logique urbaine qui se développe autour d’eux ?
La marque historique qu’ils induisent dans le paysage doit prendre du sens par rapport aux objectifs urbains (marquer une entrée de ville par ce site), écologiques (gestion durable de l’écosystème mis en place sur les crassiers) et culturels (ouverture du site à des manifestations culturelles) de la ville.
En termes d’ambiance, ces deux cônes relient le site à la ville par les échos des bruits urbains qu’ils provoquent. La vue qu’ils offrent sur l’horizon permet d’ouvrir sur un ailleurs en donnant accès au paysage au-delà de la ville. Ce contraste entre les échelles induites par le visuel et par le sonore constitue l’une des caractéristique paysagère intéressante de ces deux crassiers.
Ces deux volumes ne sont pas créateurs d’identité sonore pour le site, leur forme géométrique ne fait que refléter les sons sans se les approprier. Chaque intervention sur ces volumes permettra aussi d’établir une ambiance sonore caractéristique en travaillant le son en creux.
Le site Couriot est déconnecté de Saint Etienne par les deux échelles paysagères qu’il contient ainsi qu’une logique spatiale en rupture avec celle de la ville d’aujourd’hui. Le paysage sonore ambiant constitué de masses sonores en mouvement qui s’entremêlent, fait lien entre eux deux. Il constitue donc un axe possible sur lequel s’appuyer pour penser la reconversion de cet ancien site minier et son annexion par la potentielle capitale européenne de la culture 2013. |