Le Furan est un petit torrent qui
prend sa source dans les montagnes du Pilat à 1200m d’altitude
et traverse toute la ville de Saint Etienne dans sa plus grande longueur
avant de rejoindre la Loire.
De cette rivière, dont on vantait autrefois la grande pureté des
eaux, le fort développement de Saint Etienne a rapidement fait un égout,
dont la couverture pour des raisons d’hygiène a commencé vers
1860, d’abord dans le centre-ville, puis toujours plus loin jusqu’à la
faire disparaître presque entièrement du paysage... et des mémoires.
Les habitants, qui ne voient plus le Furan à découvert, n’ont
ainsi plus guère conscience de sa présence, et encore moins des
risques qui y sont liés, risques jugés « importants et redoutables » par
des études hydrauliques.
Cette rivière est un peu la face cachée de la ville de Saint Etienne,
récemment classée ville d’art et d’histoire essentiellement
pour son patrimoine industriel des XIXe et XXe siècles. D’importants
travaux visent actuellement à rendre le Furan de nouveau propre : c’est
dans ce cadre que peuvent être envisagées la mise en valeur des
berges sur les parties encore découvertes, et pourquoi pas la mise au
jour du cours d’eau sur certains espaces publics.
Afin de mettre en lumière l’intensité et la variété des
liens entre une rivière, une ville et ses habitants, je m’intéresserai
concrètement à trois moments principaux dans le parcours
du Furan :
1- Le site des barrages en amont de la ville, où le paysage a été précisément
mis en scène dès la construction des retenues d’eau,
avec promenades aménagées, cascades, passages aériens, « fausse
rivière » de la conduite forcée…
Aujourd’hui un des barrages a été vidé pour
retrouver sa fonction originelle de retardateur de crue.
2-L’entrée de ville, qui est aussi la zone d’expansion
des crues (la dernière crue importante remonte à 2003,
où des bâtiments ont du être évacués).
Le passage de la vallée à la ville est difficilement praticable,
et la présence de la rivière n’y est pas lisible
en l’état actuel.
3- La rivière sous la ville : sa disparition, la lecture partielle
de son cours par la trame urbaine, les scénarios possibles pour
retrouver une dimension perdue de Saint Etienne à travers le cours
d’eau ou sa trace. |