Le terme de nomadisme se lit sur
toutes les lèvres. Les impératifs économiques, l’éclatement
de la cellule familiale, l’accroissement du temps libre payé sont
autant d’événements qui poussent les hommes à la
mobilité. Attention ! Le terme de « nomade » désigne
une population dont l’habitat, mobile, suit un itinéraire
pour sa survie. Le mode de vie nomade est une composante originelle et
inéluctable de l’humanité dont la phase sédentaire
n’est qu’un détail au regard de son histoire et du
monde. En quoi le nomadisme, aujourd'hui et demain à l'échelle
de l'Europe, peut-il être un mode de vie idéal ?
Le nomadisme, comment habiter un territoire et vivre un paysage ?
La grande majorité de la société recherche la stabilité,
la sécurité et le confort en se fixant. Elle rejette alors tout
mode de vie alternatif par peur, instinct de protection et ignorance. Paradoxalement,
elle reste fascinée, en proie au fantasme et émoustillée
par la mobilité. Or une société fixe est amenée à dépérir.
La dernière impératrice chinoise Cixi en commandant un navire de
pierre dans le palais d’été en guise de pavillon signait
symboliquement la mort du régime impérial séculaire. L’immobilité est
l’apanage de la peur et de la mort.
Une fois le nomadisme reconnu, les sédentaires, organisateurs et propriétaires
d’espaces, doivent assimiler la halte des voyageurs. Du groupe ethnique
culturellement nomade aux camping-caristes du dimanche, l’Etat et les collectivités
doivent intégrer cet état de fait. Il leur faut jouer avec la nature
des groupes, la saison, l’activité….
La coexistence des sédentaires et des itinérants génère
une multitude d’échanges et de tensions. Ils se traduisent par une
relation constructive souvent fragile mais bien existante. à défaut,
ils aboutissent à des conflits dont les représentants élus
doivent se sortir. La position des gouvernements a évolué au cours
de son histoire, tour à tour tolérants ou répressifs mais
rarement favorable.
La confrontation et le partage des terres géré par une tradition
paysanne (sédentaire) induit une multitude de heurts d’importance
variable. Une chaîne de conflits politiques, culturels, sociologiques gèle
les relations entre les sédentaires et les itinérants. Avant toute
action sur le territoire d’une ville, de son agglomération, de l’espace
rural, il me faut repérer chaque obstacle. En vue de bâtir ou de
mobiliser un véritable réseau de relations tout en veillant à une
intimité entre les citoyens eux-mêmes (nomades, mi-nomades - mi-sédentaires
et sédentaires) et les « visiteurs » (touristes, réfugiés,
européens).
Mon travail entreprend de prouver les liens profonds, culturels et fonctionnels,
tissés entre l’homme nomade et le Paysage (en tant que source économique,
physique et culturelle). L’organisation spatiale des lieux de haltes ne
se résume pas à une aire d’accueil. Elle doit s’adapter
au contexte géographique, social ainsi qu’à l’évolution
des modes de vie semi-sédentaires des populations conduites à se
fixer pour la scolarisation des enfants et le passage rigoureux de l’hiver.
Il s’agit aussi de constater et d’anticiper ce que « l’accueil » ou
le rejet des gens du voyage génère.
Concrètement, je travaillerais à l'échelle d'une voie de
communication (touristique, économique, culturel), le Val de Loire et
d’une agglomération, Nantes qui s'implante dans ce val. Pour Jean-Baptiste
Humeau, docteur en géographie sociale et directeur de l’école
doctorale d’Angers, le val de Loire constitue un territoire très
apprécié des voyageurs. Nantes offre à la fois, la complexité d’un
grand et ancien tissu urbain, un contexte géographique, une source de
services agricoles, artisanaux, … Enfin, cette ville a l'expérience
d'une réflexion et de la construction des premiers systèmes d’accueil.
Mon objectif consiste à dessiner des espaces urbains et ruraux favorisant
une relation symbiotique, existante mais trop souvent stérile ou
conflictuelle, entre les sédentaires et les itinérants. Alors
que les lois offrent aux communes une solution inadaptée.
Comment assurer, par le dessin concret de l’espace, des lieux communs
d’échanges politiques, commerciaux, sociaux, culturels et
religieux ? Réussir à valoriser les richesses géographiques, économiques,
culturelles d’un territoire. éviter l'isolement intégral
des populations. Accompagner concrètement, physiquement, la force
du nomadisme. |