La branche alimentaire du canal
de Meaux, à Chalifert, se situe au nord de la Seine-et-Marne, à proximité de
Val d’Europe, le secteur IV de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée.
Elle s’inscrit dans la vallée du Grand Morin, en fond de
vallée, encadrée de part et d’autre par deux coteaux.
Son parcours, long de 3,4 Km, débute sur la commune de Saint-Germain-sur-Morin,
traverse Montry et s’achève à Esbly. C’est dans ce
dernier bourg que la branche alimentaire se jette dans le canal de Meaux à Chalifert.
Le canal de Chalifert a été construit en 1840 afin de
contourner la grande boucle de la Marne et faciliter la navigation entre
Meaux et Chalifert. La branche alimentait alors le canal de Chalifert
en eau issue du Grand Morin.
Cent ans plus tard, la réalisation d’un barrage sur la Marne, à Meaux,
offre un nouvel approvisionnement en eau pour le canal. Cette solution
permet de réguler l’étiage du canal et rend possible
le passage de péniches à fort tonnage.
La branche alimentaire perd alors toute utilité, la connexion
avec le Grand Morin est comblée sur quelques centaines de mètres,
l’écluse est condamnée. Le canal est segmenté par
la construction d’une route, sur la commune de Montry, qui divise
alors le cours d’eau en deux tronçons, sans lien.
Le canal s’inscrit dans un ensemble hydraulique important. On trouve des
ensembles naturels comme :
_ le ru du Lochy, affluent de la rive gauche du Grand Morin, dont la
source se situe à Magny-Le-Hongre (Val d’Europe) ;
_ le Grand Morin, qui prend sa source dans le département de la
Marne, à Lachy, et se jette dans la rivière la Marne en
deux endroits : à Condé-Sainte-Libiaire et à Esbly ;
_ la Marne, rivière du Bassin Parisien et principal affluent de
la Seine, dont la source se trouve en Haute-Marne ;
Et des ensembles artificiels, tels que :
_ l’aqueduc de la Dhuis, captant les sources de la rivière
Dhuis à l’est de Château-Thierry, pour les amener
par gravité jusqu’à Paris ;
_ le canal de Meaux à Chalifert, qui puise son eau dans la Marne
via une écluse à sas, à Meaux ;
_ plus au nord encore, on rencontre le canal de dérivation de
l’Ourcq, qui a permis, dans un premier temps, de faciliter l’approvisionnement
de Paris en bois de chauffage et de construction.
Ce réseau hydraulique dense engendre des problèmes d’inondations,
notamment au niveau du ru du Lochy, qui a débordé, il y
a quelques dizaines d’années, inondant les zones pavillonnaires à proximité (communes
de Saint-Germain-sur-Morin et Montry).
Aujourd’hui, le canal n’est plus entretenu, ses berges sont
le plus souvent laissées à l’abandon, une végétation luxuriante
s’y installe. Le tronçon oriental forme une étendue
d’eau stagnante envahie par les lentilles d’eau, peu respectée
par les riverains, puisque l’on y trouve de nombreux déchets.
L’autre partie, à l’Ouest, conservant son lien avec
le canal de Chalifert, contient des eaux renouvelées, attractives
pour les pêcheurs locaux.
Le canal présente actuellement un aspect délabré,
surtout aux abords de Saint-Germain-sur-Morin. Il apparaît comme
un lieu laissé pour compte, sorte d’arrière-scène
inutile et déconsidérée par les communes. On se
remémore son utilité passée, au détriment
de son caractère présent. Le nommer « canal
latéral au Grand Morin » permet de lui attribuer une
identité propre, indépendamment du caractère utilitaire.
Comment ce canal qui, auparavant, était un élément
nécessaire à la vie locale, dynamisant, facilitant les
déplacements et favorisant l’économie, est-il devenu
aujourd’hui un élément perturbateur, frontière
physique limitative de l’urbanisation ?
Comment cet ouvrage hydraulique, aujourd’hui perçu comme
marginal, par sa non-affectation et sa position spatiale, peut-il devenir
un lien fédérateur entre les communes ?
Quelle place a le canal au niveau local ? Peut-on envisager de l’insérer
dans un système hydraulique plus large ou faut-il tendre à une
logique de comblement ? |