1965 : un village, à 25 km
de Paris, adossé à un coteau boisé, regarde la Seine,
ses lacs … sa vallée.
Associé à l’Etat, il se prépare à accueillir
une ambition, un espoir, une utopie : penser une façon nouvelle d’habiter.
Dans ces années, à renfort de slogans, «Faire la ville à la
campagne», «Habiter ici, travailler ailleurs», de nombreuses
banlieues se construisent une nouvelle identité.
1970, cinq ans plus tard, deux grands ensembles, la Grande Borne et
Grigny 2, sont ancrés dans le paysage grignois. La population
a explosé et est passée de 3000 à 25 000 habitants.
Précurseurs dans leur domaine, médiatiques, ces grands
ensembles illustrent deux modèles pionners : un quartier exemplaire,
de qualité, à faible densité d’habitat découpant
un espace public piéton généreux et un ensemble
residentiel, hors du commun, première ZAC et copropriété de
France.
Le développement est rapide, trop rapide, précipité par
la volonté de changement. Ces cités vont, avec le temps,
se confiner et créer leurs propres remparts, qui seront renforcés
par le déploiement de la logique routière.
Par manque de relation avec le contexte existant, ces forteresses-modèles
vont rapidement s’écrouler. Par manque d’équipements,
d’emplois, de financements, le village devenu ville se paupérise.
Exemple typique et atypique, Grigny illustre l’enclave des banlieues.
Typique car elle exprime cette tension palpable, contemporaine, ce malaise
ambiant.
Atypique car elle présente en son territoire un potentiel considérable
de dynamisme, un contexte géographique et naturel généreux,
mais trop longtemps assujetti : lacs, Seine, boisements, prairies du
grand espace vide central à urbaniser, …
Après un début de réflexion urbaine conduit par
la ville et ses habitants dans les années 90, l’Etat valide,
en 1994, la mise en place d’un GPV (Grand Projet de Ville) afin
de réhabiliter, réinvestir ces deux entités et de
tisser la ville autour du nouveau centre encore vierge.
Parallèlement, et avec le temps, les Grignois ont aussi inventé leurs
propres outils de développement. Singuliers, jeunes, dynamiques,
ils utilisent les espaces vacants : terrains délaissés
ou oubliés, en attente, où ils tracent leurs chemins, créent
leurs jardins, … leur quotidien.
D’une diversité étonnante pour un seul territoire,
Grigny est un grand collage. Il porte ses qualités et ruptures
qui permettent encore de rêver.
Rêver à une re-couture par un nouveau cœur de ville,
mais plus encore :
- Assumer la faculté acquise du « provisoire » et
les esquisses créatives éphémères posées
par ses habitants.
- Jouer avec le temps qui dessine et construit, lot par lot, le territoire.
- Ne pas omettre de nouveau la géographie.
C’est dans cette volonté que se dessinera mon projet sur ce
territoire laboratoire. |