Etudiant : Thomas Claudel |
Directrice de mémoire : Claire Dauviau |
À la confluence de trois rivières: la Borne, l'Altier et le Chassezac...
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Cette région que l'on nomme le Vivarais cévenol est incluse entre le Mont Lozère au sud-ouest et le massif du Tanargue au nord, et s'ouvre en de multiples vallons sur la plaine calcaire d'Ardèche à l'Est. Cette enclave mêlant roches granitiques et schisteuses est entaillée de profondes gorges creusées par les torrents qui s'échappent vers la Méditerranée. Ces montagnes ont connu leur apogée au milieu du XIXème siècle, où elles furent sculptées de terrasses par le peuple paysan qui les occupait. Cependant, l'arrivée du chemin de fer, deux guerres, l'attrait de la ville et de la modernité, ainsi qu'un certain nombre de fléaux ayant décimé l'économie locale, ont contribué à dépeupler progressivement la région. L'exode rural massif et l'abandon des cultures ont permis a une végétation vigoureuse de reprendre ses droits, et d'ensevelir sous une épaisse forêt le patrimoine bâti à la force des bras des ancêtres. Le paysage y a subi ces cinquante dernières années une mutation brutale, suite à la déprise agricole. Cependant, les vallées cévenoles connaissent un nouvel essor depuis les années 70, et l'implantation progressive de néo-ruraux, revendiquant ce cadre de vie exceptionnel. Quelques hameaux et villages résistent donc encore à l'envahisseur végétal, et tentent d'implanter une nouvelle société dans ces montagnes. C'est le cas des vallées directement tournées vers la plaine ardéchoise et la vallée du Rhône, et qui bénéficient des douceurs du climat méditerranéen (vallées de la Drobie, de la Thines...). Mais lorsqu'on s'enfonce dans les montagnes, le paysage témoigne, la forêt est omniprésente, les hameaux abandonnés, bien que quelques attractions touristiques permettent de maintenir une économie locale. A la confluence de trois rivières, la Borne, le Chassezac et l'Altier, se trouve un site insolite. Deux communes se partagent un chapelet de hameaux, éparpillés sur les fortes pentes, Pied-de-Borne et Sainte-Marguerite-Lafigère. Le climat méditerranéen s'arrête là. Le chêne vert côtoie les châtaigniers, les dernières vignes sont installées sur les terrasses à l'adret. Mais ce qui rend cette confluence insolite est la présence d'un barrage de retenue d'eau, qui alimente une centrale hydroélectrique située quelques kilomètres en contrebas. Ce sont les barrages de Laval d'Aurelle et de Villefort (situés en amont respectivement sur la Borne et l'Altier) qui alimentent la centrale de Pied-de-Borne, par le biais d'une conduite forcée qui sort subitement de la montagne au-dessus de cette commune. De cette centrale s'échappent une multitude de lignes haute et moyenne tension dans toutes les directions. Pylônes, conduites d'eau et barrages constituent autant d'éléments du paysage de cette confluence. De plus, la présence d'une friche industrielle minière à l'aval du barrage augmente le caractère insolite du lieu. Il s’agit donc d’un site en quête de reconnaissance, partagé entre deux communes (Sainte-Marguerite et Pied-de-Borne), mais aussi entre deux départements (Ardèche et Lozère), donc entre deux régions (Rhône-Alpes et Languedoc-Roussillon). Une frontière administrative qui influence beaucoup l'évolution de chacune des communes, et augmente les disparités: tandis que Pied-de-Borne prospère grâce à l'usine EDF, Sainte Marguerite est composée de 80% de maisons secondaires. La petite commune ardéchoise regarde sur la rive d'en face se construire logements sociaux, terrains de sports, etc... De plus, la récente réhabilitation de béalières (canaux d’irrigation) crée un conflit du point de vue du partage de l'eau à l'amont. Quelle orientation donner au développement de chacune de ces communes ? Quel avenir pour le paysage de cette confluence ? Quelle identité pour ce site dans son intégralité ? |