Eu, Mers-les-Bains et le Tréport,
trois villes sœurs situées à l’embouchure de
la Bresle, un petit fleuve côtier dont la vallée marque
la frontière naturelle entre la Normandie et le plateau de la
Somme. En 1873, la compagnie des chemins de fer du Nord et de l’Ouest relie
pour la première fois Paris à la côte. Cette révolution
dans les transports et la vogue des bains de mer chez les classes aisées
engendrent un essor sans précédent sur le littoral. Le
Tréport devient dès lors « La plage de Paris ».
Cette Belle Epoque reste mythique dans les esprits ; la construction
des folies de bord de mer, les casinos, les défilés sur
les esplanades sont autant d’images véhiculées qu’un
héritage culturel et architectural.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Le port du Tréport et
la station balnéaire de Mers sont toujours réputés
pour leur charme, mais souffrent d’un problème identitaire.
Si la basse vallée de la Bresle n’échappe pas aux phénomènes
d’industrialisation et de désir du littoral engendrant une
pression immobilière grandissante, on constate néanmoins
que les loisirs de bords de mer se sont moyennement développés.
Les soirs d’été, l’esplanade de Mers et les quais
du Tréport sont très vite désertés. Trop peu
de gens profitent de la station balnéaire et du port. Toutefois
certains dînent à l’extérieur de leurs cabines
de plages et y accrochent des lampions avant de retourner marcher sur le
sable mouillé. D’autres se promènent d’une ville à l’autre,
cependant ils préfèreraient ne pas avoir à passer
par le No Man’s land qu’est l’arrière-port où les
activités industrialo portuaires, enclos, perturbent les circulations.
La gare du Tréport compte désormais une seule voie sur six
en fonction. Les deux villes littorales sont aujourd’hui séparées
par une friche, un vide de plusieurs hectares, qu’automobilistes
et piétons doivent impérativement contourner. à l’origine
du développement des activités locales, cet espace occasionne
dorénavant un malaise spatial qui est une source de fragmentation
entre les différents sites.
Quels sont les enjeux paysagers pour ce territoire entre terre et mer ?
Riches de leurs identités fortes et complémentaires, les
trois villes ont longtemps exploité séparément leurs
potentiels industriels, environnementaux et touristiques. Toutefois, les
problématiques d’accès à la côte, de circulations
entre les trois villes, d’interactions terre - mer, de gestion des
secteurs submersibles et des zones humides font la singularité de
ce site et ne peuvent plus être traitées séparément.
Cette année, la ville du Tréport a fait l’acquisition
du terrain des voies désaffectées. Cette opération
est au cœur d’un projet de redynamisation globale de la basse
vallée et du littoral avec, entre autres, la construction sur cet
ancien site ferroviaire d’un centre intercommunal de loisirs et de
balnéothérapie.
Quels types de projets peuvent associer aujourd’hui pari économique
et revalorisation du patrimoine environnemental ? Quel dessin paysager
donner à ces projets se trouvant dans des zones en prise à l’érosion
du littoral et aux submersions marines ? (facteurs hydro géomorphologiques
et anthropiques). Chalenge architectural face aux phénomènes
naturels ou comblement inutile de la frange littorale ? à travers
cette complexité, le littoral est actuellement une zone de contradictions
multiples. La démarche du projet tentera d'apporter un regard critique
et proposera un avenir pour ce territoire. |