Etudiant : Sylvain Morin

Directrice de mémoire : Dominique Caire

CLERMONT-FERRAND : L’ENTRE-DEUX-VILLES. LE SECTEUR ESTAING-SAINT JEAN

Clermont-Ferrand, longtemps loin des grands axes majeurs de communication, ne possédant ni grand fleuve, ni grand port, cette ville piégée, encerclée par les volcans, n’était pas destinée à se développer. Ville mal connue, elle possède aujourd’hui encore cette image de cité noire. à la Renaissance, Clermont, alors ville épiscopale, a pour rivale Montferrand, ville du Comte, puis Riom, centre judiciaire. Mais elle finit par l’emporter : en 1630, Montferrand est rattachée à sa voisine qui prend le nom de Clermont-Ferrand, selon l’édit de Troyes promulgué par Louis XIII. La route royale joignant les deux centres est alors tracée, c’est l’actuelle « avenue de la République ». De l’union des deux cités résultera un inter espace : l’entre-deux-villes. Si Michelin est à l’origine du développement économique de la capitale auvergnate, il a également marqué le paysage clermontois par la construction de ses usines et ses cités ouvrières. Après une forte présence dans le tissu urbain, le géant du pneumatique quitte peu à peu le centre de l’agglomération clermontoise. En effet, au-delà du siège social qui est maintenu dans le centre ville, l’outil de production est déplacé à la périphérie – pour des raisons de logistique – ou alors à l’étranger. Ainsi la Manufacture a fermé quelques sites dans l’entre-deux-villes et notamment l’usine Estaing. Aujourd’hui, l’entre-deux-villes tente enfin de s’affirmer. La construction de grands projets comme le Polydome, la Coopérative de Mai, le tramway, et de nombreuses opérations d’habitats en cours, marquent un franc désir de reconquête sur ce territoire longtemps délaissé. Cependant, il ne s’assume pas dans son intégralité. Alors que Clermont-Ferrand souffre encore de son image passée dans l’imaginaire collectif, qu’en est-il de l’image même et de l’identité de cette zone urbaine que la ville a reconstruite peu à peu entre les deux cités ? D’un point de vue stratégique, les grands projets d’urbanisation de l’entre-deux-villes ont eu lieu d’abord à proximité de l’axe historique qui lie Clermont à Montferrand, soit le long de l’actuelle avenue de la République. Aujourd’hui, l’enjeu est plus large. L’entre-deux-villes termine sa reconstruction. Sur le quartier Estaing, partie Est de l’axe historique, va être construit sur la place d’anciennes usines Michelin le nouvel hôpital régional. Acte fort en qualité d’architecture, ce projet devrait idéalement faire preuve d’urbanité, en s’introduisant dans la ville, et induisant à terme la reconquête du quartier St Jean. Le secteur Estaing-Saint Jean, c’est un morceau de territoire dit de l’entre-deux-villes. Portion de ville instable, fragmentée, partagée entre violence, reliquats d’activités industrielles et habitations précaires. Mais bientôt, sur ce site, les stigmates du passé ne seront plus. Abattoirs, entrepôts et logements précaires n’appartiendront qu’à un temps révolu. Tout, ou presque, sera à reconstruire, pour assurer le renouvellement urbain d’un quartier en changement de vocation. Dans la partie Est de Clermont-Ferrand, dans l’entre-deux-villes, le quartier Saint-Jean souffre depuis longtemps de la coupure franche causée par la présence des infrastructures ferroviaires et routières. On a laissé se développer pendant de nombreuses années de l’habitat dans un quartier industriel et une zone d’activités, dont la trame urbaine originelle n’était pas adaptée à cet usage. Il en résulte un espace sans lien urbain, ni social avec les deux centres-villes. Zone urbaine où les logements sont les moins chers de la ville, Saint Jean représente un quartier défavorisé socialement et enclavé. à bout de souffle, il est arrivé désormais en fin de vie. La rénovation du quartier Saint Jean, projet d’urbanisme à moyen et long terme, a commencé par la libération des terrains occupés par les abattoirs. La ville acquiert aujourd’hui peu à peu les constructions et terrains adjacents afin d’engager une réurbanisation complète. Tout l’enjeu d’un tel travail résidera dans la projection d’une reconstruction urbaine et à en déterminer le sens et la place du paysage. Bâtir une nouvelle image pour ce quartier de l’entre-deux-villes, savoir le relier aux projets existants, et enfin lui attribuer le droit à la ville, pour ne plus avoir à l’ignorer.