Etudiant : Benoît Prévost |
Directrice de mémoire : Catherine Farelle |
LA
GREVE DES COURSES, ENTRE TERRE ET MER |
Baie de Saint-Brieuc, rive Ouest. Sur le fond des bouchots de la baie de Saint-Brieuc, dont la pollution d’origine industrielle ou agricole lui vaut par endroits le surnom de « Baie des cochons », se dessine l’anse de la Grève des courses. Ce terrain, d’une surface de vingt-sept hectares, tient son nom de l’hippodrome découvert par le jusant qui y était établi à la fin du XIXe siècle. Il fut un lieu de vie et de villégiature réputé jusqu’au début des années 50, date à laquelle la grève devint décharge publique vouée aux rebus des villes alentour. Les deux millions de mètres cubes de déchets accumulés ont peu à peu gagné sur les sables de la baie. Le polder de 27 ha ainsi constitué est une source de pollution de métaux lourds et de chlore dans la nappe phréatique. La décharge, aujourd’hui remblayée, est séparée de la mer par un enrochement de 5 Km de long sur 5 m de haut et de large. De nombreuses études ont été lancées à la demande de la ville pour la dépollution du site. Elles ont abouti à des propositions techniques restées lettre morte à cause de la difficulté à rassembler les fonds et les acteurs. L’enrochement est, avec l’apport de 3000m3 de terre végétale, la seule réponse apportée dans ce sens (pas d’imperméabilisation ni traitement des effluents). La nécessité de ce processus reste entière. Deux des huit cours d’eau qui alimentent la baie, le Douvenant et le ruisseau de la Cage, se rejoignent au niveau de la Grève. Le Douvenant est l’antichambre de la mer et la frontière entre les communes de Saint-Brieuc au nord-ouest et de Langueux au sud-est. Il prend sa source entre la voie ferrée et la Zone Industrielle de Langueux, puis longe commerces et habitat. Les volumes des bâtiments donnent plus d’ampleur à la topographie du vallon et le ferment aux regards. Leur configuration rend ses richesses encore plus difficiles d’accès. Cette partie du vallon, classée comme patrimoine naturel à valoriser, est parcourue par les seuls acrobates du motocross. Au sud, le petit vallon du ruisseau de la Cage zigzague entre les champs de maïs et les pavillons pour rejoindre le Douvenant au niveau de la Grève des Courses. Aujourd’hui, ces lieux à la mémoire sombre sont totalement délaissés par les habitants de la baie. La Communauté d’agglomérations oriente actuellement sa politique vers le développement du tourisme vert et l’amélioration du cadre de vie. Ces intentions sont traduites dans ce vallon, et sur l’ensemble du site, par l’aménagement de plages et de chemins alentour, mais toujours en évitant le polder. Cette attitude révèle la rupture entre cet endroit et les Briochins, à la fois dans l’esprit et dans l’espace. Il convient alors de raccommoder la Grève à son vallon, de lui donner au travers d’une nouvelle vocation un autre statut que l’actuel. Il s’agit en fait de trouver la juste place de ce pan de territoire en anticipant, voire en accompagnant son processus inévitable de traitement et de requalification. Il s’agit enfin de faire de la vallée du Douvenant non plus une frontière physique mais un espace fédérateur pour les habitants des communes de Langueux et Saint-Brieuc. |