Etudiante : Camille Merlette |
Directrice de mémoire : Catherine Farelle |
VIENNE
: REDECOUVRIR
LA VALLEE DE LA GERE |
à 30 kilomètres au Sud de Lyon, la ville
de Vienne s’est implantée dans un « amphithéâtre
» naturel de cinq collines au creux d’un méandre du Rhône.
Entre deux de ces collines, perpendiculairement au cours du grand fleuve,
la vallée de la Gère est incrustée dans un site étroit
et allongé. Depuis sa rencontre avec la Véga au niveau de
la commune de Pont-évêque à l’Est et jusqu’à
sa confluence avec le Rhône à l’Ouest, la Gère
a creusé une échancrure verte longue de trois kilomètres
et large de quelques centaines de mètres. Depuis l’Antiquité, Vienne s’est toujours développée en étroite relation avec cette vallée particulière. Déjà à l’époque romaine, ce couloir fait partie de la puissante cité. Il est zone d’habitat et surtout axe de communication majeur – une voie gallo-romaine l’emprunte depuis sa confluence avec le Rhône pour rejoindre les Alpes et l’Italie. Au Moyen Age, la vallée s’ancre dans le développement économique de Vienne : la force motrice des eaux de la Gère est mise au profit des moulins, tanneries, papeteries et autres fabriques. Au XIXe siècle, le site devient le cœur de l’intense activité industrielle viennoise. Profitant de la rivière, draperies, forges, fonderies, verreries et ateliers s’implantent le long du cours d’eau. L’apparition de ces architectures monumentales modifie profondément l’aspect de la vallée mais aussi l’aménagement hydraulique de la rivière. Chutes d’eau, ponts et retenues viennent ponctuer le cours de l’eau. Autour des usines, l’habitat collectif ouvrier se densifie. C’est à la moitié du XXe siècle que l’équilibre se rompt… à partir des années 1950, l’industrie textile décline définitivement dans la vallée. Les usines deviennent des friches. Au cours des années 1960-1970, la ville de Vienne, contrainte de s’agrandir sous la pression démographique et la proximité de l’agglomération lyonnaise, se développe vers le Nord et le Sud. De nouveaux quartiers mêlant grands ensembles d’habitats collectifs et grosses industries submergent la plaine du Rhône. La Vallée de la Gère, déjà saturée, est comblée dans ces moindres recoins par de nouveaux ensembles de logements. L’intensification de la circulation automobile qui accompagne cette poussée démographique s’impose elle aussi au site : la confluence est couverte, un viaduc emprunte la vallée. Le secteur perd son identité fonctionnelle et économique. Il décline, se désarticule, et, du fait de son isolement géographique, se replie sur lui-même. La vallée devient peu accueillante. Depuis une quinzaine d’années, la Municipalité de Vienne, soucieuse de son renouvellement urbain, a apporté des réponses ponctuelles à l’enclavement et à l’engorgement de la vallée : réhabilitations industrielles, aménagement du bâti et d’espaces extérieurs, destructions de logements… Malgré ces interventions, la vallée étouffe encore : la rivière et son corset boisé restent globalement inaccessibles, la route sur fréquentée et l’étroitesse des trottoirs interdisent toute déambulation, la vallée souffre toujours d’une densité trop élevée, et l’industrie laisse encore des friches en attente, zones interdites. La Vallée de la Gère manque aujourd’hui de lisibilité. Comment réorganiser ce secteur si particulier pour qu’il revive et se réintègre à Vienne ? Quels atouts lui trouver pour qu’il reprenne une place dans l’agglomération ? Comment ainsi continuer l’écriture de l’histoire le long de cette rivière ? |