Etudiante : Cécile Zuber

Directrice de mémoire : Claire Dauviau

STRASBOURG, L'ILE AUX EPIS ENTRE FLEUVE ET VILLE

à Strasbourg, il existe un endroit racontant l’histoire de l’évolution de la ville : le port. Il porte en lui les emblèmes de ses activités passées et présentes, ceux d’un site industrialo portuaire important né de la canalisation du grand fleuve Rhin au début du XX ème siècle : l’île aux épis. Dans le cadre de mon diplôme de fin d’étude, j’ai envie de développer une problématique autour des espaces directement en contact avec le port, de réfléchir à la manière dont un port entouré par la ville peut se connecter au quartier avoisinant. Le port vit d’activités qui évoluent dans le temps selon la demande, des usines s’installent puis partent, laissant place à des friches portuaires où de nouveaux lieux s’inventent. Le mouvement engendre l’activité éphémère économique qui laisse place à l’éphémère végétal, résultat de l’activité. Le fleuve Rhin. Les rives du Rhin longent une grande diversité d’espaces. En aval et en amont de Strasbourg, elles rencontrent des sites naturels comme l’île de Rohrschollen et la forêt de la Robertsau. Au niveau de Strasbourg, c’est le port autonome qui y élit domicile, installé sur la pointe Nord de l’île, d’où il se déploie avec le port au pétrole au Nord et le port Sud accueillant davantage du tertiaire et de la logistique (zone Eurofret). Les eaux du Rhin servent au transport de marchandises et de matière première entre la mer du Nord et la Méditerranée. Ce fleuve, autrefois frontière et obstacles naturels, est devenu un fleuve économique et rentable, un fleuve mou maîtrisé et prisonnier de l’étiage, un fleuve facile à franchir. Ces berges aménagées en épis lui enlèvent toute atmosphère bucolique des berges d’antan composées d’îles et de bancs de galet où seuls quelques autochtones pouvaient s’y déplacer et profiter de cette richesse rhénane. Les berges appartiennent au port et les Strasbourgeois ne vont pas s’y perdre. Que faire dans un endroit pareil ? Se promener entre la voie ferrée, l’usine en activité et les berges de déchargement ? Ici, seuls quelques pêcheurs passionnés viennent s’y aventurer, installés sur les escaliers des berges, ils profitent de la tranquillité du lieu et ça mord ! Le poisson grouille dans cette eau graisseuse où l’on a du mal à croire que la vie existe. Quel rapport à l’eau avons-nous depuis les berges, pourrions-nous seulement songer à nous y baigner comme à la grande époque ? L’île aux épis, un point d’accroche pour la ville. Ce qui est intéressant à savoir, c’est qu’aujourd’hui, la ville de Strasbourg s’étire doucement vers l’Est, vers l’Allemagne (Kehl) et donc, vers le port. Le plan guide Strasbourg Kehl est établi en 2003 par la communauté urbaine de Strasbourg et l’ADEUS (Agence de développement et d’Urbanisme de Strasbourg), il sert de base de réflexion à la mutation urbaine de l’axe et permet ainsi d’avoir une lecture d’ensemble de l’espace urbain. C’est également une ambition pour la ville que d’avoir une cohérence et une continuité dans les idées. Mais ce plan guide se heurte directement à la dynamique du port qui se lit du Nord au Sud, accompagnant le Rhin et formant une double frontière à franchir et à comprendre, chose difficile ! Une réflexion doit donc se faire sur la manière dont ces deux entités peuvent se mêler sur un même lieu. Aussi, c’est sur l’île aux épis que la mutation va être la plus forte, les terrains militaires longtemps gelés vont voir naître un nouveau quartier d’habitations lié aux jardins des deux rives, générant une dynamique urbaine. Les anciens terrains charbonniers et le môle de la Citadelle sont des charnières entre le développement de la ville et la dynamique du port. Séparé l’un de l’autre par le bassin Vauban, cela nous laisse une porte ouverte sur les berges et l’eau. L’île est donc composée d’activités hétéroclites, elle manque d’une identité unitaire, d’un caractère fort qui permet de la comprendre dans son ensemble tout en gardant un atout majeur : sa diversité. Ce site engage à une réflexion sur le regard porté sur le fleuve aujourd’hui, fleuve Portuaire, fleuve Bucolique, fleuve Frontière. Evoque-t-il encore un imaginaire aujourd’hui ?