Etudiant : Benoît Lafoucrière |
Directrice de mémoire : Dominique Caire |
QUELS PAYSAGES
POUR L'ENCLOS MARAICHER DE BLAGNAC? |
Coincée entre la Garonne, le coteau et la nouvelle
levée, la zone inondable de Blagnac accumule sédiments, histoire,
usages et paysages. Autrefois, Blagnac n’était qu’un petit village proche de « Toulouse la rose ». Village rural où les céréales et les rangs de légumes soulignaient le plateau et les méandres de la Garonne. La zone inondable appartenait donc à un long corridor agricole nourri par les débordements successifs de « Garonne ». Carottes, salades, poireaux, choux et autres légumes jouissant d’un sol drainant et riche exceptionnel : « Tout vient sur ces terres, Monsieur ! ». Face à l’urbanisation galopante en périphérie de Toulouse, cette plaine agricole se réduit comme peau de chagrin, et seules subsistent quelques poches d’agriculture. De la confrontation des deux milieux, ville et campagne, l’enclos agricole de 120 ha de Blagnac ne semble pas en tirer parti. Le parcellaire dessiné par Napoléon (une parcelle de 1500 m2 à 15 sols), puis brodé jusqu’à nos jours, contribue à éclater les propriétés des agriculteurs. Les légumes cultivés sont vendus au « Marché gare » et le maire de Blagnac regrette de ne pas voir ces produits frais sur le « Marché paysan » les samedis matin. Enfin, les habitants ne semblent pas pouvoir profiter de cet espace maraîcher : les chemins et les routes existants accueillent difficilement tracteurs, piétons et vélos. N’oublions pas à ce tableau agricole, l’ancienne zone d’enfouissement d’ordures ménagères en friche, les pistes de 4x4 défoncées, les gravières abandonnées aux pêcheurs et celles encore en activité, le parc arboré sur la commune de Beauzelle, la ripisylve à la végétation exubérante et, enfin, l’omniprésence des gitans, depuis bien longtemps sédentarisés dans leurs caravanes. Blagnac est en plein développement : les nouveaux chantiers d’Airbus pour l’A380 (Aéroconstellation) et les 5000 logements qui y seront associés (Andromède) exproprient les dernières cultures du plateau. D’ici quelques années, il ne restera plus que cet enclos d’agriculture au milieu d’une urbanisation continue. Face à la haute technologie aéronautique qui caractérise Toulouse-Blagnac, le maire de Blagnac voudrait que cette agriculture puisse à son tour devenir identitaire. Dans un premier temps, c’est une réflexion sur le rapport qui existe entre ville et campagne. Quel peut être au sein d’une même ville, le rapport entre un paysage urbanisé et un paysage agricole ouvert ? Quels peuvent être les bénéfices d’un « parc agricole » pour la ville ? Et inversement, quels sont les bénéfices d’une ville si proche pour l’agriculture ? Et enfin, comment, par un projet de paysage : - redynamiser le maraîchage, éviter le « 100% maïs » et les friches, - inviter les promeneurs sans perturber le travail des agriculteurs, - trouver une cohérence sur les 150 ha du site pour éviter la juxtaposition et les conflits d’usage, - dessiner les limites et les liens de cette poche de territoire avec la ville et les espaces attenants. |