710 850 Km2 au nord-ouest de l’Afrique :
le royaume du Maroc.
15 Km entre l’Afrique et l’Europe : le détroit de Gibraltar.
4 millions d’habitants le long de l’Océan Atlantique
: Casablanca, capitale économique du Maroc.
Le Maroc et la France ont une histoire mêlée dont Casablanca
en est le témoin officiel. Propulsée comme capitale économique
du pays par le général Lyautey dès 1912, elle se
développe grâce à son port. Pourtant, les conditions
naturelles ne présageaient pas un si grand développement
pour cette petite cité berbère d’Anfa à laquelle
on voue diverses origines allant de la ville des pirates à la maison
blanchie à la chaux. C’est la facilité des liaisons
terrestres avec le Maroc « utile » (dixit Lyautey, la côte
atlantique allant de Kenitra au nord à El Jadida au sud) qui motiva
l’implantation de cette infrastructure maritime. Ainsi, son centre-ville
se développe en tournant le dos à ses rivages rocheux, traditionnellement
coupé par la zone d’activité portuaire, elle-même
inaccessible, comme dans de nombreuses villes-port.
A l’origine, Casablanca était une ville composée de
quartiers distincts de par leurs fonctions, leurs noms, leurs architectures
et leurs habitants. L’exode rural a progressivement densifié
les interstices entre chaque quartier et aujourd’hui, Casablanca
est une mégapole, une ville patchwork, un catalogue de populations
très diverses et de styles urbanistiques contrastés.
Si Casablanca draine un si grand exode rural, c’est que l’industrie
y règne en maître et que tout y paraît possible. L’industrie
et ses quartiers d’ouvriers se sont installés sur les rivages
nord de la ville, implantation allant du port de Casablanca à la
ville-port satellite de Mohammedia, à 20 Km au nord de Casablanca.
Cette prermière zone du littoral contraste fortement avec les rivages
du sud. Cette deuxième zone, la « corniche », est le
lieu d’activités balnéaires et de loisirs, composée
de piscines installées dans la roche et d’une multitude de
restaurants avec vue sur l’infini océan. Derrière
s’organise un somptueux quartier de villas.
La troisième zone de ce littoral est la partie centrale, une partie
du rivage non identifié, sans usage, sans nom, formant une anse,
et délimité d’une part par un phare (le phare d’El
Hank, « le cou ») et d’autre part par la plus grande
mosquée du monde arabe. En contact physique avec le centre-ville,
il n’y a pourtant pas de réelle connexion. Tout cela donne
un littoral sans unité, un linéaire composite, insolite,
parfois inconvenant.
De ces trois zones, c’est la partie centrale qui subit depuis une
dizaine d’années de grands remaniements. Arrimée à
la ville, la construction de la grande Mosquée Hassan II, œuvre
monumentale de Sa Majesté feu Hassan II a donné sa dimension
symbolique à la ville et a engagé des bouleversements conséquents.
D’une part, ce chantier a permis de gagner une bande de terrain
sur la mer de part et d’autre de la mosquée et d’autre
part, elle engage la ville à se tourner vers elle et donc vers
l’océan. C’est le projet de l’Avenue Royale,
bordée de tous les équipements d’une métropole
mondiale, qui s’apparente aux grands travaux d’Haussmann,
qui sera le pont entre le centre-ville et la mosquée. Par ces gestes,
le « Commandeur des Croyants » (le Roi) introduit une profonde
modification dans l’urbanisme de Casablanca et en fait la ville-vitrine
du Maroc, voulant allier la modernité (le centre d’affaires,
l’Avenue Royale) et la tradition (la religion, la mosquée
Hassan II).
Par ce fait, la zone littoral centrale sera connectée au centre-ville.
Le rivage doit se trouver un nouveau rôle pour le centre-ville et
donner un nouveau souffle à l’ensemble du linéaire
côtier. Il s’agit d’un travail à la fois linéaire
et transversal, tant à l’échelle du quartier que de
la ville.
Mais comment intervenir sur ce nouveau rivage central, totalement artificiel,
fait de remblais et lissé par un immense mur anti-houle ? Quels
moyens développer pour faire appartenir la Mosquée et ses
abords à la ville ? |