Le cœur économique d’hier sera
le poumon vert de demain. C’est exactement le sens étroit
et vital de ces deux affectations, celle d’hier et celle d’aujourd’hui,
qu’il est important de mettre en évidence dans ce sujet.
Quand une carrière se met au vert, quelle destination après
l’extraction et quel peut être notre rôle ?
La pierre extractive représente à elle seule des cultures,
des œuvres, une philosophie, des époques, l’inépuisable,
l’indémodable. La terre se creuse ici tandis qu’ailleurs
elle s’élève au contact d’une horde de fourmis
humaines. Là où toute une génération s’est
affairée à une époque, les carrières sont
dans de nombreux cas, aujourd’hui, un cimetière humide, un
garage à ordures. Ces endroits doivent aujourd’hui obtenir
une nouvelle affectation pour qu’une utilisation correcte de ces
milieux en soit faite.
Le site des carrières dites d’Asty Moulin se situe au nord
de l’agglomération namuroise en Belgique. Il s’agit
d’anciennes carrières de calcaire exploitées pour
la production de gravier et de chaux. Cette activité a entamé
le coteau suivant deux vastes ouvertures séparées par un
promontoire médian. Abandonné à la propriété
de la ville depuis les années 80, le milieu ainsi livré
à lui-même va être recolonisé par la végétation
et développera une biodiversité qui en fait actuellement
son intérêt premier.
Sans aucun doute, les carrières occupent une position stratégique.
En effet, au-delà de son intérêt végétal,
les carrières ont :
- une localisation exceptionnelle à 600 m de la Sambre, à
800 m de la gare et à 1500 m du centre-ville,
- une accessibilité en vélo, bus ou voiture,
- une étendue de 20 ha,
- une morphologie avec un coteau creusé sur une hauteur de 40 m,
- une identité double ayant à la fois un caractère
industriel et un milieu sauvage,
- une poésie où la nature prend vie sur une ossature industrielle.
Source verte pour la ville, elles peuvent constituer une nouvelle économie
pour la ville, une nouvelle image à son actif.
Néanmoins, ce qui fait l’intérêt de ce site
en fait aussi sa problématique et sa fragilité. C’est
un espace naturel physiquement dangereux : les parois rocheuses se détachent
et représentent un péril. C’est une biodiversité
fragile : en constante évolution, la mono spécificité
végétale représente une menace à contrôler
sur le long terme. C’est un milieu exposé aux délits
mineurs : vandalisme, dépôt sauvage de déchets, campements
sauvages liés à sa proximité et à son accessibilité.
Aussi, le site aspire à une autre définition, mais il n’en
reste pas moins empreint d’un passé bien présent (ex
: les fours à chaux et la physionomie des carrières).
Enfin, la notion de cohérence d’ensemble n’est plus
valable aujourd’hui. En effet, si l’on considère les
services, les logements, les équipements, chacun de ces éléments
n’interagit plus l’un avec l’autre comme à leur
origine.
Mes intentions seront de développer un travail de pédagogie
et de sensibilisation auprès du grand public au travers d’un
nouvel aménagement de l’espace. Définir une nouvelle
affectation en aval d’une économie capricieuse (l’industrie
extractive). Poursuivre un travail de gestion de cet espace naturel.
Mon but est de renverser l’image d’un site « qui subit
» vers l’image d’un site « qui agit ».
Quand le décor devient l’acteur d’une scène… |