« ville de fleuve et de mer où l’on
n’en voit pas l’eau » JH Malineau
Dans un territoire ouvert, un fil brun s’immisce, contourne quelques
rochers calcaires, puis rejoint la mer. C’est sur l’une de
ces collines cernées par un méandre de la Charente que Colbert
décida d’implanter une base maritime ; au milieu du marais,
un archipel dont Rochefort serait la v-île.
Ville nouvelle du XVIIe siècle, elle est née pour devenir
l’Arsenal Royal de Louis XIV.
Abritée dans les terres, sa position singulière est surveillée
par une constellation de forts implantés le long de l’estuaire
jusque dans le pertuis d’Antioche. L’arsenal permet la construction
et la réparation des vaisseaux qui traversent les mers. Pendant
plus de deux siècles, la ville vit au rythme des marées
qui acheminent les vaisseaux et les cargos jusqu’aux quais de Rochefort
et Tonnay-Charente.
Le fleuve est donc à l’origine de ces villes mais seulement
pour des fins militaires et industrielles. La ville haute tournait le
dos aux activités de l’Arsenal dont les bâtiments occupaient
les abords du fleuve.
Un fort contraste s’installe entre cette ville, bâtie au cordeau,
de pierres de taille immaculées et son environnement marécageux
et inaccessible.
Depuis la fermeture de l’Arsenal en 1927 et à l’époque
des bains de mer, la ville dédaigne son fleuve boueux et laisse
les industries occuper ces zones hostiles. Celles-ci s’approprient
les bâtiments militaires et profitent des réseaux ferroviaire
et fluvial. C’est seulement à partir des années 70
que la ville prend conscience du patrimoine qu’elle possède
sur son territoire : un arsenal complet. Après trente années
de rénovation soutenue par un Contrat de Ville Moyenne, la ville
de Rochefort s’est appropriée ces espaces et en fait profiter
les Rochefortais.
Après s’être intéressée au patrimoine
bâti du centre historique, la Ville doit maintenant se relier au
territoire qui l’entoure. Les industries implantées depuis
longtemps sont tournées vers le fleuve, essentiellement pour des
facilités de transports, alors que les implantations récentes
restent distantes. Cela rend le site complexe voire incohérent,
puisque l’origine de ces villes n’est autre que le fleuve.
Il n’y a donc pas de relation clairement établie entre le
passé qui s’accordait avec les marées et le présent
qui s’appuie sur le réseau viaire.
Les objectifs de l’étude sont :
- d’établir une interface cohérente entre l’urbanisation
et le fleuve, entre la pierre et la vase,
- de coordonner les différents modes de circulation (vélos,
poids lourds, cargos…),
- de mettre en valeur l’étendue, l’espace que procure
le marais sur l’autre rive du fleuve. |