Etudiante : Carine Drouhin |
Directeur de mémoire : Jean Grelier |
VERS UNE IMAGE
DES CHEMINS TRANSHUMANTS |
Les traces transhumantes remontent à la préhistoire
du grand bassin méditerranéen. Suivant la trace des animaux
sauvages, les hommes du néolithique ont mené leur troupeau
des parcours asséchés du littoral vers l’herbe fraîche
d’altitude. Les milliers d’estivaliers qui empruntaient les
chemins moutonniers sont aujourd’hui remplacés par des estivants,
appelés par les regards portés au XIXe siècle sur les
paysages. Le voyageur du XXe est toujours aussi migrant et à la recherche des mêmes espaces de liberté. Les véhicules s’engouffrent chaque été par les routes des vallées cévenoles pour monter sur les cols, alors que sont encore gravées dans la terre les multiples ramifications anciennes des drailles, porteuses d’une histoire et d’une culture millénaire. L’implantation des drailles en ligne de crêtes favorise la découverte progressive des milieux et des paliers d’altitude. Elle positionne le voyageur aérien au gré des vents, des brouillards et des lumières. Leur linéarité multiplie les regards sur l’horizon ainsi métamorphosé. L’écrin dans lequel elles évoluent participe à la composition des plans et cadres de perception. A l’échelle du territoire, les drailles filent à travers les montagnes, et jouent d’un fort impact sur les paysages dénudés qu’elles traversent. On retrouve au long de la route des outils ancestraux qui aidaient au déplacement massif dans des stratégies moutonnières. Les drailles ont su traduire matériellement les repères, les orientations et destinations des migrants, qu’une réhabilitation permettrait de retrouver et de moderniser. Son usage était le berceau de rencontres et d’identités qui la faisaient vivre, les activités contemporaines qui s’y superposent (chasse, randonnée, trek, lutte contre les incendies, circulation, propriétés foncières) sont autant de traces à comprendre pour valoriser ce patrimoine « auquel appartient également l’oubli ». |