Traditionnellement, la maison s’implante
et tisse des liens avec un territoire. L'orientation, l'altitude, la disposition
des bâtiments les uns par rapport aux autres, les volumes et les
matériaux sont autant d'éléments révélateurs
d'un paysage.
Aujourd'hui, le territoire est réduit à un support que nous
habitons, soit en le niant égoïstement, soit en en n'appréhendant
que la forme pittoresque, sans comprendre quels fonctionnements ou quelles
significations ont présidé à l'élaboration
de ses formes. Nous copions indéfiniment l'« ancien »,
dans une vision patrimoniale, en étant incapable de le voir comme
un héritage dont nous disposons finalement assez librement.
Pour autant, certaines règles dont nous héritons, liées
au territoire, ont toujours un sens aujourd'hui. Il s'en ajoutent de nouvelles,
liées elles aux mutations de la société. Le rapport
au temps est totalement modifié, les rythmes ne sont plus réellement
liés aux milieux. Nos envies et nos besoins varient rapidement,
notre conjoncture impose une réactivité importante. La vitesse
modifie l'échelle d'appréhension des territoires, et les
moyens de communication physiques et virtuels jouent un rôle prépondérant.
Notre appréhension des unités paysagères et des entités
constitutives est totalement différente de celle de nos ancêtres.
Quelle peut dès lors en être la signification aujourd'hui
?
La solution la plus souvent utilisée est le recours à l'un
des nombreux outils réglementaires mis au point petit à
petit depuis l'avènement des Romantiques au siècle dernier.
Cependant leur mise en place est lourde, leurs résultats parfois
mitigés, et surtout, ils figent des territoires dans leurs formes
et contraignent un développement en opposant aux standards du marché
d'autres standards tout aussi arbitraires, à grands coups d'arguments
conservateurs concernant des identités locales. Ensuite, quels
éléments peuvent ainsi être fondements de cette identité
locale ? Quelles sont les limites de son territoire d'application ?
Sans amener beaucoup de contraintes, ne serait-il pas possible de créer
des cadres de vie variés, cohérents, contemporains et de
qualité qui ne soient pas en rupture avec le paysage existant et
qui restent ouverts à des usages contemporains ? Il faut entendre
« cadre » réellement comme la définition de
la limite ou frange ou enveloppe structurante qui pourra accueillir à
son tour des programmes de constructions capables d'innovation architecturale,
avec pour seule contrainte l'implantation en plan de masse. Car finalement,
la réglementation n'arrive que rarement à rendre possible
la richesse dont nous héritons et à laquelle nous voulons
absolument nous rattacher.
Ainsi, le sujet d'étude devient : comment, sur la base d'une analyse
architecturale, morphologique et paysagère d'une commune, implanter
des programmes de cadres de vie comportant des jardins privés et
des parties communes, elles-mêmes compatibles avec les servitudes
d'une bonne gestion de l'espace public ? Comment concevoir une contribution
contemporaine au patrimoine urbain de cette commune, pouvant servir d'alternative
aux lotissements médiocres habituels - qui ne doivent leurs sites,
la plupart du temps, qu'à des opportunités foncières
et leur "architecture" qu'aux constructions de maisons de série
dites par antiphrase "traditionnelles" ?
Cette étude s'appliquera à un territoire. Il s'agit de Ligny-le-Ribault,
une commune de Sologne du Loiret, située à 28 km au sud-ouest
d'Orléans. Cette commune ne compte aujourd'hui qu'un peu plus de
1000 habitants, et la quasi-totalité des logements est occupée,
avec un taux de résidences secondaires de plus de 20%. Pour autant,
la pression périurbaine d'Orléans se fait sentir et les
demandes d'achats immobiliers ne peuvent être satisfaites faute
de disponibilités. D'autre part, l'accueil de nouveaux habitants
semble nécessaire à la survie du village, afin que se maintiennent
les classes d'école, la présence des commerçants,
des médecins ...
Ce projet visera à produire des plans de masse de « cadres
de vie », pouvant être en outre des facteurs/outils de recomposition
du village. Ces « cadres de vie » devront prendre en compte
une recherche de qualité de vie, définie et par les attentes
sociales décelée à travers des études diverses,
et par une recherche de définition de « l'ethnologie de la
maison sur le territoire solognot contemporain », abordant les thèmes
suivants : développement durable et gestion intégrée,
mixité d'usages et mixité sociale, relations avec l'environnement
(ensoleillement, vent, ...) et le paysage (vues sur le paysage,...).
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