Etudiant : Damien Oberlé
Directeur de mémoire : Marc Claramunt
VERS UNE ETHNOLOGIE DE LA MAISON CONTEMPORAINE EN SOLOGNE A LIGNY LE RIBAULT

Traditionnellement, la maison s’implante et tisse des liens avec un territoire. L'orientation, l'altitude, la disposition des bâtiments les uns par rapport aux autres, les volumes et les matériaux sont autant d'éléments révélateurs d'un paysage.
Aujourd'hui, le territoire est réduit à un support que nous habitons, soit en le niant égoïstement, soit en en n'appréhendant que la forme pittoresque, sans comprendre quels fonctionnements ou quelles significations ont présidé à l'élaboration de ses formes. Nous copions indéfiniment l'« ancien », dans une vision patrimoniale, en étant incapable de le voir comme un héritage dont nous disposons finalement assez librement.
Pour autant, certaines règles dont nous héritons, liées au territoire, ont toujours un sens aujourd'hui. Il s'en ajoutent de nouvelles, liées elles aux mutations de la société. Le rapport au temps est totalement modifié, les rythmes ne sont plus réellement liés aux milieux. Nos envies et nos besoins varient rapidement, notre conjoncture impose une réactivité importante. La vitesse modifie l'échelle d'appréhension des territoires, et les moyens de communication physiques et virtuels jouent un rôle prépondérant. Notre appréhension des unités paysagères et des entités constitutives est totalement différente de celle de nos ancêtres. Quelle peut dès lors en être la signification aujourd'hui ?
La solution la plus souvent utilisée est le recours à l'un des nombreux outils réglementaires mis au point petit à petit depuis l'avènement des Romantiques au siècle dernier. Cependant leur mise en place est lourde, leurs résultats parfois mitigés, et surtout, ils figent des territoires dans leurs formes et contraignent un développement en opposant aux standards du marché d'autres standards tout aussi arbitraires, à grands coups d'arguments conservateurs concernant des identités locales. Ensuite, quels éléments peuvent ainsi être fondements de cette identité locale ? Quelles sont les limites de son territoire d'application ?
Sans amener beaucoup de contraintes, ne serait-il pas possible de créer des cadres de vie variés, cohérents, contemporains et de qualité qui ne soient pas en rupture avec le paysage existant et qui restent ouverts à des usages contemporains ? Il faut entendre « cadre » réellement comme la définition de la limite ou frange ou enveloppe structurante qui pourra accueillir à son tour des programmes de constructions capables d'innovation architecturale, avec pour seule contrainte l'implantation en plan de masse. Car finalement, la réglementation n'arrive que rarement à rendre possible la richesse dont nous héritons et à laquelle nous voulons absolument nous rattacher.
Ainsi, le sujet d'étude devient : comment, sur la base d'une analyse architecturale, morphologique et paysagère d'une commune, implanter des programmes de cadres de vie comportant des jardins privés et des parties communes, elles-mêmes compatibles avec les servitudes d'une bonne gestion de l'espace public ? Comment concevoir une contribution contemporaine au patrimoine urbain de cette commune, pouvant servir d'alternative aux lotissements médiocres habituels - qui ne doivent leurs sites, la plupart du temps, qu'à des opportunités foncières et leur "architecture" qu'aux constructions de maisons de série dites par antiphrase "traditionnelles" ?
Cette étude s'appliquera à un territoire. Il s'agit de Ligny-le-Ribault, une commune de Sologne du Loiret, située à 28 km au sud-ouest d'Orléans. Cette commune ne compte aujourd'hui qu'un peu plus de 1000 habitants, et la quasi-totalité des logements est occupée, avec un taux de résidences secondaires de plus de 20%. Pour autant, la pression périurbaine d'Orléans se fait sentir et les demandes d'achats immobiliers ne peuvent être satisfaites faute de disponibilités. D'autre part, l'accueil de nouveaux habitants semble nécessaire à la survie du village, afin que se maintiennent les classes d'école, la présence des commerçants, des médecins ...
Ce projet visera à produire des plans de masse de « cadres de vie », pouvant être en outre des facteurs/outils de recomposition du village. Ces « cadres de vie » devront prendre en compte une recherche de qualité de vie, définie et par les attentes sociales décelée à travers des études diverses, et par une recherche de définition de « l'ethnologie de la maison sur le territoire solognot contemporain », abordant les thèmes suivants : développement durable et gestion intégrée, mixité d'usages et mixité sociale, relations avec l'environnement (ensoleillement, vent, ...) et le paysage (vues sur le paysage,...).