Etudiante : Emmanuelle Bordet
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt
DEVENIR DE LA CARRIERE DE CHAILLAC; VERS UNE NOUVELLE ORIENTATION DU SITE INDUSTRIEL
Situation territoriale et contexte communal
Chaillac occupe une position géographiquement centrale dans l’hexagone, soit au sud du Berry, dans le département de l’Indre, à la frontière des départements de la Vienne, de la Haute-Vienne et de la Creuse.
Le paysage environnant de la commune appartient à l’ensemble du bocage vallonné du Boischaut Sud, à mi-parcours entre les plaines cultivées du Bassin Parisien et les premiers reliefs du Massif Central.
Chaillac se trouve à une cinquantaine de kilomètres au sud de Châteauroux. La récente installation de l’autoroute A20, à dix minutes de la commune, la situe désormais à environ deux heures et demi de Paris et trente minutes de Limoges.
Regroupant 63 villages et hameaux, elle compte 1170 habitants (recensement de mars 1999).
La population active (348 personnes) y est représentée à 55% dans le domaine tertiaire, à 23% dans celui de l’agriculture et à 15% dans celui de l’industrie.
Depuis 1975 la carrière “Barytine de Chaillac” est installée sur les terrains de la commune. Le gîte du Rossignol riche en barytine y est exploité.
La carrière est une source de dynamisme pour Chaillac. Ressource économique de par la taxe professionnelle, elle influence également la démographie de la commune (43 employés) ainsi que sa vie culturelle. En effet, cette dernière utilise et transforme l’exploitation en patrimoine, emblème identitaire et symbole touristique (création d’un musée de la minéralogie et d’une bourse aux minéraux et fossiles).
Devenir de la carrière
Le gisement (formé à l’ère géologique du secondaire), exploité à ciel ouvert est le plus important gisement barytique français et l’un des plus grands à l’échelle européenne. Seulement, les conclusions des dernières prospections réalisées sur l’ensemble du filon découvert, montrent que les ressources en barytine s’épuiseront - c’est-à-dire présenteront une concentration trop faible pour rentabiliser leur exploitation - d’ici quatre à six ans. Par conséquent, les exploitants de la “Barytine de Chaillac” doivent, dès à présent, prendre en compte sa fermeture et, dans le cadre de la loi du 19 juillet 1976, réfléchir à l’aménagement du site après la fin de son exploitation.
Contexte juridique et commande
Le décret n° 77-1133 du 21 septembre 1977, pris pour l’application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement (IPCE), mentionne l’obligation de remise en état du site après exploitation.
Extrait de l’article 24 : “La remise en l’état des lieux comporte la conservation des terres de découverte nécessaires à cette remise en état, le régalage du sol et le nettoyage de l’ensemble des terrains. Elle peut comporter toute autre mesure utile et notamment la rectification des fronts de taille, l’engazonnement, la remise en végétation des terrains exploités, la remise en état du sol à des fins agricoles ou forestières, le maintien ou la création de rideaux de végétation et le remblayage des fouilles dans les conditions propres à protéger la qualité des eaux.”
Généralement, ce type d’action est accompagné d’une rétrocession des terrains à la commune concernée, pour un euro symbolique. Toutefois, cette loi reste vague : l’expression de “remise en état” n’est pas bien définie. Les termes “elle (la remise en état) peut comporter tout autre mesure utile” ne font qu’appuyer cette impression d’indétermination.
C’est face à ce manque de précision de la loi que le maître d’ouvrage, Monsieur Pinier (directeur général de la carrière), s’est montré intéressé par une étude prospective pour d’autres alternatives que celle de simple nettoyage/régalage/revégétalisation. Pour lui, la loi énonce simplement l’obligation de montrer que l’on ne laisse pas les terrains en l’état et que l’on a pris le soin de les rendre présentables au public. Il penche donc vers “une réorientation du site” (tels sont ses mots). Ses préoccupations se traduisent également et pour partie en terme d’économie d’entreprise. Se pose à lui la question du coût de restitution et celle de réutilisation des infrastructures pour minimiser les actions.
C’est dans ce cadre qu’il a formulé sa commande : trouver un projet valorisant pour ces terres et éventuellement pour la commune, tout en prenant en compte les données économiques en vue d’une réduction des coûts de prise en charge de l’entreprise.Trois types d’actions
L’aménagement du site à restituer peut alors être de trois ordres : restauration, réhabilitation ou reconversion.
Une restauration implique un rétablissement du site en sa forme et son état premiers, c’est-à-dire ceux connus juste avant son exploitation. Mais n’y-a-t’il pas un risque de tomber dans la négation de la carrière, bien que présente dans le paysage depuis plus de 25 ans, et l’oubli de cette activité motrice au sein de la vie à Chaillac? Cela ne reviendrait-il pas à effacer une partie de l’histoire de la commune?
à l’inverse, une réhabilitation seule implique une simple remise en état du site pour l’accessibilité au public. Dans l’optique de la conservation de ce patrimoine industriel, cette action n’aurait-elle pas tendance à plonger le lieu dans un immobilisme muséal dont l’intérêt décroisserait avec le temps, pour finalement tomber dans la désuétude?
Une reconversion, quant à elle, implique une rénovation ou amélioration du site sous une forme nouvelle. Cette solution permettrait-elle de trouver un nouveau dynamisme au site? Faudrait-il s’appuyer sur les bases d’une ancienne activité motrice et ne pas en oublier sa valeur patrimoniale pour la commune?
Une des préoccupations premières est donc de répondre à la problématique suivante en terme de programme : “Comment continuer à vivre à Chaillac?”
Stratégie d’approche
En terme de stratégie, l’action ne doit pas se cantonner au site d’exploitation. Il me semble en effet important d’appréhender le problème à une plus grande échelle que celle de l’unique carrière. L’approche globale doit prendre en compte, et s’étendre au paysage environnant, considérer la présence du village de Chaillac à moins d’un kilomètre et l’inscription du site dans le “vallonnement bocagé” (pour le résumer en deux mots) du paysage Berrichon. Peut-être faudra-t-il également envisager une action à l’échelle du département, voire de la région ?