Etudiant : Nicolas Triboï
Directeur de mémoire : Jean-Marc Gaulier
VACANCES DANS LES CARPATES EN ROUMANIE

Depuis 1885, la fabrique de papier de la ville de Busteni dans les Carpates en Roumanie a su développer un système équilibré entre les montagnes, les usines et les logements ouvriers. La ville de Busteni située à 900 m d'altitude s'étend d'abord dans une clairière au pied du mont Caraïman (2 395 m), sur la rive droite de la Prahova, puis sur ses deux rives. "Les parois abruptes des montagnes qui descendent vertigineusement vers la ville prêtent au paysage une grandeur sans pareil" (Petit guide touristique, 1962). En 1989, la révolution met fin à 45 années de dictature communiste, laissant place à une nouvelle forme de démocratie ultra libérale, puis, ultra corrompue. Souvenirs : restent "les vestiges du passé héroïque de la classe ouvrière, et les réalisations de tout le peuple laborieux qui édifia le socialisme..." (Costin Stânesco).

L'ouverture des frontières, la concurrence, laissent apparaître un retard technologique considérable, l'usine est vétuste. Elle est privatisée et les nouveaux propriétaires (association de 10 personnes) lancent une commande de reconversion d'une partie du site industriel pour des activités culturelles et touristiques : objectif rentabilité. La commande est précise. La vieille usine installée au cœur de la ville doit être réhabilitée pour accueillir restaurants, hôtels et salles de conférences. Elle est une accroche directe sur l'axe Bucarest-Brasov. De cette accroche remonte une petite route parallèle au "Jepilor", le petit torrent dont l'eau a été captée pour faire tourner les turbines et les meules. Il s'agit ici, de développer des promenades et des espaces publics. Puis il y a la clairière, séparée de la ville, entourée de résineux, lieu de détente et d'habitation des ouvriers, avec le gymnase et le terrain de football. Le projet doit ici développer des activités de loisirs, un centre de vacances familial. Des activités liées à la montagne, au plein air, à la "nature"! La politique de la ville est claire : développer les réseaux d'eaux et d'électricité, protéger les milieux naturels, les mettre en valeur.

Pour lutter face au déclin de la population, un nouveau moteur est trouvé : un tourisme national, Bucarestois, européen ! Mais comment développer un tourisme durable et respectueux de l'âme de la montagne, du contexte? En oubliant l'âme de la montagne, en ne voyant que l'or blanc, en transformant la montagne et ses paysans en zone de loisirs pour citadins et occidentaux? En massacrant l'esprit de nos territoires comme nous l'avons déjà si souvent fait chez nous... Quel est alors le rôle du paysagiste occidental? Il ne s'agit pas de s'arrêter aux émotions poétiques face au spectacle de la pauvreté. Mais plutôt d'une réflexion à deux échelles :

1) Celle de la ville et de la vallée : aujourd'hui, en 2001, comment créer une station touristique de montagne?

2) Celle de la commande : comment faire un paysage immédiatement rentable?

Ce travail réalisé en collaboration avec Gabriela Pitica, étudiante en architecture de Bucarest, se servira des expériences de l'ouest pour développer une forme de tourisme plus respectueuse de l'âme du territoire.