Etudiant : Pierre Poisson |
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt |
UN
LACIS DE TROUS ET D'OUBLI OU LA RECONQUêTE éCONOMIQUE
ET éCOLOGIQUE DES FRICHES TROYENNES |
Depuis le déclin de son industrie textile, la ville de Troyes possède un lourd héritage. De nombreuses friches se sont éparpillées sur la ville. Ces entreprises étaient installées autrefois en proche périphérie du centre-ville historique; mais l'urbanisation s'étalant, ces terrains désormais délaissés se situent au cœur de la ville et de ses préoccupations. On peut en effet rencontrer aujourd'hui de nombreux terrains vagues, assez dissemblables les uns des autres formant une myriade de petites et vastes parcelles. Tantôt public tantôt privé, ce parcellaire présente fréquemment un sol dégradé où la végétation reprend lentement ses droits, parfois la végétation y est déjà exubérante rendant les lieux infréquentables et mal fréquentés. Partant du constat que dans nos pays, il est aujourd'hui difficile de préserver un espace libre dans les villes ou à leurs périphéries, j'ai choisi de mener mon diplôme sur le sujet de la vacuité des espaces en milieu urbain. Ce sujet qui se pose à moi, n'est pas d'ores et déjà un problème en soi; le vide ne m'apparaît pas comme un mauvais premier pas. Or dans notre civilisation, la vacuité n'est plus une valeur reconnue. De nombreuses municipalités laissant des zones disponibles devenir de véritables terrains vagues, ceci justifiant leur transformation en terrain à bâtir. Les aménageurs savent lire une ville dans son histoire et distinguer ses ensembles architecturaux et urbanistiques. Ils sont en revanche souvent décontenancés face à un espace non construit et de surcroît abandonné. Ils éprouvent alors des difficultés à déterminer ce qui est essentiel dans ce paysage, et surtout à trouver des méthodes pour le gérer. Comment trouver le moyen d'habiter ces lieux et non de les négliger. Il me semble que ces espaces de vacuité sont indispensables à notre vie sociale, il me semble également qu'ils sont propices à un équilibre entre végétal et minéral, entre surface bâtie et terrain nu, entre espace public et privé, et enfin entre calme et activité. La dimension de chacune de ces parcelles importe peu, c'est l'ensemble de ce réseau, de ce lacis de trous et d'oubli qui devient mieux appréciable et rend mon projet probant. Ainsi mon objectif est de trouver une alternative à cet abandon sans pour autant figer le lieu par un aménagement irréversible. Nombreuses de ces parcelles fournissent aujourd'hui une réserve foncière disponible à l'extension logique de la ville, à la création de logements ou de divers équipements : mon projet devra donc s'inscrire dans cette phase transitoire. L'intervention devra être économique et simple de mise en œuvre. Le vocabulaire local me semble être le meilleur allié, une flore et sa faune enfin libéré... Le pavé s'usa jusqu'à n'être plus Qu'un lacis de trous sales Où la pluie concentra ses larmes Sur le sol fatigué De la ville sans fin trouée et retrouée
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