Etudiant : Emmanuel Guerton |
Directeur de mémoire : Michel Boulcourt |
LA
RIVIèRE AU TRAVERS DE LA VILLE... |
Au milieu de la plaine de Beauce, radicalement plate, Chartres a choisi l'eau et la maîtrise par le regard. Position stratégique pour le moins ancestrale, elle est d'autant plus souveraine dans une campagne où l'eau ne s'attarde jamais en surface et filtre directement au travers des sédiments calcaires de cette mère du myocène... Partie d'un noyau historique accroché à la rivière, l'agglomération s'est depuis un siècle considérablement développée, enserrant aujourd'hui la vallée sur 3 kms. Cette extension rapide a engendré une diversification des espaces et de fait un cloisonnement du fond de vallée qui anéanti cette continuité topographique. Soucieuse de l'harmonie de son développement, la ville s'est penchée sur le problème. Un Plan Vert a été réalisé en 1997 sur l'ensemble de l'agglomération. Dans ce travail qui abordait l'importance de la trame végétale dans la cohérence urbaine, il était question de l'aménagement des espaces libres de fond de vallée en parc urbain. Conciliant conservation et aménagement sans craindre la contradiction, le raisonnement mené demeurait lié à une logique purement fonctionnelle où l'approche du paysage ne dépassait pas les limites de l'agglomération. La rivière pourtant traverse bien la ville... La question demeure de savoir comment et dans quelle qualité de relations à la ville elle le fait. Cette question n'est pas anodine et demande d'emblée une reconsidération globale du paysage. Notre vision ne peut pas s'en tenir aux problématiques actuelles. Le paysage est une stratification d'évènements dont les échelles d'espaces et de temps sont variables à l'excès. Quelles sont les interactions au niveau du paysage de ces évènements disparates? Cette question implique dès lors de porter un regard général sur la rivière, comme sur le territoire dans lequel elle s'inscrit... tant le bassin versant dans son entier, les paysages traversés, que l'adaptation du vivant à ces milieux. La dynamique terrestre a déposé ici des sédiments, drainer les eaux d'un territoire pour former une rivière et de façon saisonnière les crues continuent à créer du paysage dans cet espace de rupture et de confluence qu'est la vallée... Le paysage de vallée s'enracine très profondément dans l'histoire du territoire et son identité demeure indissociable de cette dynamique qui est toujours en cours. Ce sujet est donc l'occasion d'aborder les relations ville-vallée sous un angle plus vaste, appréhendant l'essence même du territoire avant d'en étudier les interactions avec la composante anthropique. |