Directrice de mémoire : Anne-Sophie Verriest-Fenneteaux
Caen, la nature rentre en ville !
La métropole caennaise, en Basse-Normandie, est riche d’une implantation géographique exceptionnelle. Au nord, elle est reliée à la mer par un fleuve, l’Orne. Au sud, ce fleuve permet à la campagne de rentrer dans la ville. Il existe en effet une grande étendue humide, pratiquement sans constructions, qui pénètre jusqu’en centre-ville.
Cette zone humide s’étend de l’Orne à l’Odon, jusqu’à Louvigny (une commune voisine).
Cette nature, qui arrive au cœur de Caen, est un atout. Beaucoup d’habitants y sont attachés mais peu en profite.
Dans la partie sud de cet espace, on trouve une campagne presque idyllique, où se côtoient les prairies humides, du maraîchage, des saulaies, des peupleraies, des zones humides…
Les connaisseurs y viennent se balader, faire du vélo, profiter de cette nature. Malgré les problèmes d’accès, ils ont dessiné leurs propres chemins le long des petits cours d’eau, des voies ferrées désaffectées et sous les peupleraies.
Dans sa partie proche de Caen, les activités que l’on y trouve sont importantes pour la ville : un hippodrome, le zénith et un parc des expositions servant aussi de lieu de foire. Ces deux derniers perturbent fortement le site en empiétant sur la zone humide et en réduisant le lien entre la Prairie et la campagne. Ces équipements sont séparés de la ville par un grand boulevard. De plus, ils paraissent excentrés et posés dans l’espace naturel sans aucune relation à celui-ci.
Anciennement, le lieu était un gigantesque marais. Cette zone a donc doucement été conquise par la ville. Une grande partie du centre-ville s’y est même installée. Pourtant, certains se sont rendus compte de la qualité de cet espace comme en témoignent les façades des bâtiments qui s’ouvrent sur la Prairie. Le rapport qui se créé entre la ville et cette dernière est récent. Mais la frontière reste marquée à cause des boulevards et des barrières qui la ceinturent.
Lorsqu’on marche dans ce champ, du centre-ville, les hautes herbes nous entourent ainsi que les platanes qui marquent la périphérie et dissimulent les bâtiments. En regardant vers le sud, c’est une route puis un parking et enfin, une voie ferrée, qui ferment l’espace. Derrière, au loin, des peupliers dépassent les câbles électriques du chemin de fer, ce sont les signes de la présence du marais.
Au nord et à l’ouest de la Prairie, il y a le plus grand lycée de la région, un futur stade nautique, une ZAC en construction et le quartier administratif de la ville. Comme pour le reste du centre ville, la couleur qui domine est le blanc de la pierre de Caen.
Les habitants qui viennent sur la Prairie profitent essentiellement de la piste de l’hippodrome pour courir. Ailleurs, l’espace est quasiment inaccessible, et fait parfois peur. La nuit, c’est une large étendue obscure au cœur de la ville, abandonnée des promeneurs, et où l’éclairage est presque inexistant.
Ainsi, le lieu ne vit que ponctuellement. Bien qu’enclavé, cet espace pourrait devenir un lieu de vie pour les Caennais. On pourrait y développer des nouveaux usages en prenant en compte l’activité de l’hippodrome.
Caen est une ville qui possède beaucoup d’espaces verts ; pourtant les habitants ne le perçoivent pas de la même façon. C’est peut être l’un des facteurs qui participe à l’exode des Caennais vers la périphérie.
Le potentiel de cette coulée verte dans la ville est donc fort. C’est aussi un atout pour permettre à « la trame verte et bleue » de passer à travers Caen, le long de l’Orne, puis, jusqu’à la mer.
Historiquement, la partie de la ville construite au sud de l’Orne est délaissée, dénigrée. Le centre-ville est d’ailleurs situé sur la rive ouest. Le projet, en construction, Les Rives de l’Orne, est un premier pas qui marque la volonté de renouer avec cette partie sud de la ville. Cette nature doit être au cœur de cette couture entre le nord et le sud de a Caen. Elle ne doit plus marquer la frontière mais devenir une centralité, un moyen de les relier.
La Prairie, c’est aussi parfois un étang. En effet, comme elle est en zone inondable, certains hivers, ce champ est recouvert d’eau. Il a même connu des bateaux lors des grandes inondations. Lorsqu’elle se couvre d’eau, le spectacle est admiré par tous les Caennais.
Il existe un étang permanent, au sud de l’hippodrome. Il a été creusé et aujourd’hui, c’est une zone humide de grande importance écologique qui accueille beaucoup d’oiseaux.
A la fin de l’année 2014, à l’occasion des Jeux Equestre Mondiaux se déroulant en Basse-Normandie, la ville de Caen a pour objectif de profiter de ces espaces pour que s’y déroulent certaines épreuves et des spectacles.
Pour l’instant, les aménagements envisagés pour les Mondiaux ne devraient être que temporaires. Un événement de cette ampleur est une chance, car jamais ces jeux ne se sont déroulés dans une ville de seulement 110000 habitants.
C’est un grand investissement que s’apprêtent à faire Caen et la Basse-Normandie pour ce rassemblement. On pourrait donc envisager de profiter de cette occasion pour réorganiser une partie du site. C’est un levier économique qui peut modifier le lien que les habitants ont avec cet espace.